RMC
Société

"J'hiberne", "ce n'est pas pour moi le sexe": écrans, fatigue, désintérêt... pourquoi les Français font-ils moins l'amour?

placeholder video
Les Français sont fâchés avec le sexe, selon une étude très sérieuse de l'Ifop. La proportion de Français ayant eu un rapport lors de l'année écoulée n'a jamais été aussi faible en 50 ans.

Les Français font moins l'amour. C’est le résultat d’une nouvelle étude de l'Ifop menée auprès d'environ 2.000 personnes, à l'approche de la Saint-Valentin. La proportion de Français ayant eu un rapport au cours des 12 derniers mois n’a jamais été aussi faible en 50 ans: 76% en moyenne, soit une baisse de 15 points depuis 2006. Un chiffre qui se vérifie notamment chez les 18-24. Ils sont cinq fois plus (28%) qu'en 2006 (5%) à admettre ne pas avoir eu de rapport en un an.

Ce n'est en tout cas pas la priorité de Damien, à 21 ans, en couple depuis deux ans, avec des rapports sexuels ponctuels.

“Par mois, ça serait deux à trois fois. On arrive dans la vie active, on est fatigué, on ne pense pas forcément à ça. Et le soir, c’est plus la télé, les jeux vidéo”, résume-t-il.

Les écrans, de véritables concurrents du sexe... La moitié des hommes en couple interrogés par l'Ifop reconnaissent avoir déjà évité un rapport pour regarder la télévision.

Mais le désintérêt est marqué en particulier chez les femmes, dont la majorité déclare pouvoir envisager une relation purement platonique. "Aucune activité sexuelle" pour Lila, 23 ans. "J’ai déjà fait des préliminaires avec des garçons, mais je n'en avais pas envie. Je le dis sans complexe, je croyais que ce n’est pas pour moi le sexe”, assure-t-elle.

Une conséquence de MeToo?

Les Françaises acceptent aussi beaucoup moins qu’il y a 40 ans de se forcer à faire l’amour. "J'hiberne", plaisante Lisa. "Quand j'avais moyennement envie, je pouvais céder, surtout quand j’étais jeune. Avec l’âge, on s’affirme", indique-t-elle.

Le mouvement MeToo a laissé sa marque, se réjouit la sexothérapeute Margot Fried-Filliozat.

“C’est nécessaire, c’est important de pouvoir dire non. Mais ce n’est pas suffisant pour s’épanouir. On a besoin d’aller plus loin, on a besoin d’aller à ce qu’on désire”, explique-t-elle.

Un peu d'inquiétude face à la récession sexuelle. "Plutôt que de couper, il faut communiquer", insiste-t-elle.

Marion Gauthier avec Guillaume Descours