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"Je ne dois rien": victimes de violences, ils refusent de payer pensions et Ehpad de leurs parents

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Aujourd'hui adultes, des victimes de violences parentales pendant leur enfance veulent faire modifier qui les oblige à payer l'Ehpad ou la pension alimentaire de leurs parents dans le besoin. Des refus qui peuvent entraîner des amendes salées.

De son enfance, Pascale ne se souvient que des coups de son père sur sa mère, de la peur et des insultes: "Notre vie ça a été un enfer, j'étais 'la brêle', 'la petite grosse', 'la petite moche', je n'ai jamais eu de 'je t'aime', je n'ai jamais rien eu".

Alors quand le département lui demande, à 59 ans, de payer l'Ehpad de son père, "je me dis que je vais nourrir mon bourreau géniteur qui a détruit ma vie!"

"Je me suis payé mon permis, ma bagnole, je ne leur dois rien", martèle-t-elle.

"Ça m'a replongé dans un enfer"

La loi l'oblige pourtant à payer plus de 2.600 euros par mois avec ses frères et sœurs. Ce qu'elle conteste au tribunal.

Comme Pascale, ils sont chaque année plusieurs à être obligé de payer la pension alimentaire ou l'Ehpad de leur parent. Car la loi oblige aujourd'hui l'enfant à payer pour son parent s'il est en difficulté financière.

"Moi je voudrais être zen, tranquille, ce qui ne va pas c'est que ça m'a replongé dans un enfer dont je n'avais pas besoin", poursuit Pascale. Des souffrances difficiles à justifier.

Des exemptions

Marine Gatineau Dupré, co-présidente du collectif "Liens en sang", veut donc faire changer la loi via son collectif liens en sang: "Imaginez devoir prouver la défaillance d'un parent 20-30-40-50 ans plus tard! Ça n'a pas de sens et ça replonge les victimes dans l'horreur", déplore-t-elle.

"Le but c'est de permettre d'aller chez un notaire pour se désolidariser via un Cerfa à partir de 18 ans", demande-t-elle.

Aujourd'hui, ne pas payer pour un parent dans le besoin c'est risquer deux ans de prison et jusqu'à 15.000 euros d’amende. Depuis 2024, il existe a une exemption pour les mineurs placés à l'ASE pendant au moins 3 ans ou ceux dont un parent a été condamné pour crime ou agression sexuelle sur l'autre parent.

Le collectif Liens en sang et le sénateur Renaissance Xavier Iacovelli veulent simplifier la procédure, via une proposition de loi examinée en octobre prochain

Alfred Aurenche et Clara Gabillet