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"Je ne sais pas gérer ça": le désarroi d'une mère face à la prostitution de sa fille de 15 ans

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Lucile est la maman d'une adolescente de 15 ans qui se prostitue depuis au moins deux ans. Face à cette situation, cette mère de famille se sent démunie et abandonnée. Elle a accepté de témoigner au micro de RMC.

Les chiffres sont alarmants. La prostitution chez les mineurs, bien qu'interdite en France, est en forte augmentation. D'après une lettre publiée par l'Observatoire national des violences faites aux femmes, "le nombre de victimes mineures de proxénétisme enregistrées a augmenté de 14 % depuis 2021 et l’augmentation est de 107 % pour le nombre de mineurs victimes d’un achat d’actes sexuels". À noter que tout mineur en situation de prostitution est considéré comme victime d’exploitation sexuelle.

L'âge des victimes est particulièrement inquiétant. Le rapport (qui provient d'une mesure de la Stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel et l’exploitation sexuelle lancée par la ministre chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes Aurore Bergé, en mai 2024, NDRL) prend l'exemple du tribunal de Bobigny, engagé dans la lutte contre la corruption des mineurs : l'an dernier, l'âge médian des victimes était de 14 ans et 8 mois. Est également souligné que ces victimes sont de plus en plus jeunes d'année en année.

Très souvent des victimes de violences

Des données qui concordent avec les chiffres des associations de terrain. L'une d'elles, "L'Amicale du nid" précise que 21% des mineurs accompagnés ont entre 12 et 14 ans. Elle mentionne également le fait que l'ensemble des concernés ont été victimes de violences avant de prostituer.

Face à ce fléau, les familles des victimes sont démunies. C'est le cas de Lucile, mère d'une adolescente de 15 ans qui se prostitue. Elle a accepté de témoigner au micro de RMC de ses difficultés. Sa fille a commencé à revenir "avec de l'argent, avec des robes de soirées ou du maquillage" il y a deux ans, alors qu'elle n'avait que 13 ans. À ce moment, "elle fuguait déjà beaucoup".

La mère de famille a commencé à se renseigner et à enquêter. Ses doutes se sont malheureusement confirmés: sa fille était bien présente sur des sites d'escort. Aujourd'hui, l'adolescente a toujours recours à la prostitution. "Je sais qu'elle est abordée par des proxénètes. Ils mettent les annonces en ligne ou ils passent par les réseaux sociaux. Elle loue des hôtels ou des Airbnb, puis les clients la rejoignent", explique sa maman.

"Elle a été agressée sexuellement pendant plusieurs années par un ancien voisin, pendant quatre ans, de ses 8 à 12 ans", a aussi affirmé la mère de famille chez nos confrères de TF1. Des faits dont elle a pris connaissance seulement récemment.

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L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Prostitution, comment mieux l'encadrer ? - 02/12
2:52

"Des gamines de CSP+ gosses de profs, flics..."

L'adolescente tente de rassurer sa mère en lui disant qu'elle arrêtera à 16 ans, l'âge légal où elle pourra travailler. Difficile à croire pour Lucile, qui a le sentiment d'être abandonnée par les autorités et qui se sent dépassée. "On me laisse avec ma fille à la maison, et je dois faire de mon mieux pour la gérer. Mais moi, je ne sais pas gérer ça, je suis juste sa maman."

Lucile a pu trouver de l'aide auprès de l'association "Nos ados oubliés". Comme elle, une cinquantaine de familles et de victimes sont aussi accompagnées. La vice-présidente de l'association, Sarah Benmrah, tient à rappeler que ce fléau touche tous les milieux sociaux. "Des gamines de CSP+ dans les quartiers cossus de Paris, des gosses de profs et de flics un peu partout en France. Nul n'est à l'abri, il faut toujours faire attention".

Peu de structures adaptées

"Il y a un manque de structures. On a eu une proposition dans une structure. Ils nous ont donné un rendez-vous trois mois après par visio pour finalement, le jour même, nous dire... Bon, ben non", dénoncait aussi Lucile en août dernier auprès de France 3 Occitanie.

Les parents peuvent être alertés par plusieurs signes. Il peut y avoir des traumatismes physiques (bleus, cicatrices...), des addictions, des fugues, un changement d'habitude lié à l'hygiène, un rapport au corps inadapté, la présence inexpliquée de grande somme d'argent ou encore un usage intensif des moyens de communication.

Solène Leroux avec Astrid Bergere