"Je préfère rester avec ma famille": de plus en plus de jeunes vivent chez leurs parents

Près de 5 millions d'adultes vivaient chez leurs parents en 2020, selon une étude de la Fondation Abbé Pierre publiée ce jeudi. Un chiffre en augmentation de 5% en sept ans. Il s'agit en majorité des 18-24 ans, mais les 25-34 ans sont aussi de plus en plus nombreux à habiter dans le logement familial.
C'est aussi un symptôme de la crise du logement selon la Fondation Abbé Pierre. Et si de plus en plus de jeunes vivent chez leurs parents, qu'ils soient étudiants ou actifs, la cohabitation n'est pas toujours évidente. À 20 ans, Lou et Marie profitent de leur cocon familial.
“Je me suis jamais posée la question de partir en réalité. Je préfère rester chez moi dans mon environnement familial", "je suis blanchie, logée et nourrie gratuitement donc c’est aussi avantageux”, confient les deux jeunes femmes.
Mais ça ne suffit plus pour Lilou. Après avoir goûté à la liberté en Erasmus, l’étudiante tenterait bien l'aventure de l'indépendance. “J’en ai rêvé, carrément. J’ai rêvé que j’étais sur Le Bon Coin et que je regardais. C’est vrai que dans les périodes où ça ne va pas trop avec les parents, on se dit 'bon, est-ce que ce n’est pas le bon moment?'”, indique-t-elle.
Mais la réalité financière rattrape parfois ces jeunes. Cyril, lui, est retourné chez ses parents. “Ça fait quand même bizarre. On a l’impression d’avoir un petit retour en arrière dans sa vie. Je payais un logement et j’avais un travail. Mais c’est compliqué de cumuler études et travail en même temps”, pointe-t-il.
Trouver un logement, un chemin de croix
Parmi les "Tanguy", il y a aussi de plus en plus de jeunes actifs. A 24 ans, la fille de Sylvia travaille en restauration. “C’est parfois très simple et c’est parfois plus compliqué. Même dans les logements sociaux aujourd’hui, quand vous voyez le montant des loyers, il va lui rester quoi à la fin?”, se questionne sa mère.
Pour Karim, auditeur RMC, la recherche d’un logement a longtemps été compliquée.
“Je suis resté jusqu’à mes parents jusqu’à 32 ans. Moi, j’ai un métier où on travaille beaucoup en intérim. J’ai longtemps cherché un logement, mais le premier problème, c’est que je suis d’origine maghrébine et ça a posé problème à certains propriétaires. Et le deuxième frein, c’est le fait que je sois intérimaire. Quand on dit ça à un propriétaire, il fait deux pas en arrière. La seule solution que j’ai trouvée pour avoir un logement qui cochait toutes les cases, c’est de proposer au propriétaire de payer deux ans de loyer, donc 13.200 euros d’un coup. Et là, bizarrement, il a accepté”, raconte-t-il.
32 ans, c’est aussi l’âge jusqu’auquel Mamadou est resté chez ses parents. Mais lui, c’était plutôt par choix. “Je ne me voyais pas partir avant de me marier. Et de l’autre côté, mes parents et surtout ma mère n'étaient pas contre le fait que je reste. Le fait de rester chez mes parents m’a permis de les aider dans leur quotidien, dans les courses, etc.”, explique-t-il sur RMC.
La Fondation Abbé Pierre craint que depuis la fin de cette étude, encore plus de jeunes soient toujours chez leurs parents, notamment en raison de l'inflation.