Joanna élève seule trois enfants: "Le regard des autres nous fait nous sentir différents"
Les enfants des familles défavorisées d'aujourd'hui ne doivent pas devenir les adultes pauvres de demain. C'est l'objectif de l'Elysée qui lance ce mardi à l'occasion de la 30ème journée mondiale du refus de la misère, une concertation qui devrait durer 6 mois, afin de lutter contre la pauvreté des plus jeunes.
Le taux de pauvreté moyen en France est d'un peu plus de 14% (dans la moyenne des pays de l'UE). Mais le taux atteint près de 20% chez les enfants et les jeunes (3 millions d'enfants, soit 1 enfant sur 5 vit dans une famille sous le seuil de pauvreté), ainsi que 36% chez les familles monoparentales et 70% dans ces familles quand les mères sont inactives.
"Des parents disent à leurs enfants de ne pas jouer avec les miens"
RMC a rencontré une de ces mères de famille qui vivent seules avec leurs enfants. A 41 ans, Johanna, militante d'ATD quart-monde, a 3 enfants à sa charge. "Je suis bénéficiaire du RSA, raconte-t-elle. Avec les allocations familiales je touche à peu près 800 euros par mois. A la fin du mois, il ne reste rien." Alors elle trouve des astuces au quotidien pour priver le moins possible ses enfants. "Mes enfants le vivent bien, explique Joanna, mais c'est le regard des autres enfants qui peuvent les faire sentir différents. J'ai déjà entendu des parents dirent à leurs enfants de ne pas jouer avec les miens, que ma fille avait des poux, qu'elle n'avait pas de sous pour s'habiller, que c'est une malheureuse..."
Le regard des autres, c'est la plus grande souffrance de Johanna. D'autant qu'elle fait tout pour préserver ses enfants au maximum. "On a envie, bien sûr, que nos enfants grandissent comme les autres. Qu'ils s'épanouissent, qu'ils vivent bien… Je veux leur montrer aussi que la vie c'est travailler". Un combat qu'elle mène quotidiennement depuis la mort de son mari, il y a 6 ans.