Journée des réfugiés: comment le village de Ferrette s'est adapté à l'arrivée de migrants
Ce 20 juin marque la journée mondiale des réfugiés. Et selon les derniers chiffres du HCR, le Haut Commissariat aux Réfugiés publiés hier, 70,8 millions d'humains vivent aujourd'hui en exil forcé, après avoir fui la guerre, les persécutions et les conflits dans le monde.
Un triste record, alors que les réfugiés eux-mêmes représentent 25,9 millions de personnes, les demandeurs d'asile 3,5 millions. Le nombre de déplacés et réfugiés dans le monde est reparti à la hausse depuis 2009, enregistrant une forte progression entre 2012 et 2015 avec le conflit syrien.
"Je me suis senti plus chez moi, et maintenant je n'ai plus aucune peur"
La France, est le 4e pays du monde a avoir reçu le plus grand nombre de demandes d'asile l'an dernier après les Etats Unis, le Pérou et l'Allemagne. Depuis 2016, Ferrette, dans le Haut-Rhin, accueille en permanence 80 demandeurs d'asile, dans l'attente de la délivrance éventuelle d'un statut de réfugié.
A l'époque, leur arrivée a divisé les habitants dans ce petit village de 687 habitants. Aujourd'hui, son maire espère en faire un modèle d'intégration. Ils sont pris en charge dans l'ancienne caserne de gendarmerie de la commune. Ils ont pour voisine une veuve de gendarme à la retraite qui était initialement complètement contre cet accueil.
"J'avais pas l'habitude de voir des gens d'autres couleurs ici à Ferrette. Je me suis senti plus chez moi, et maintenant je n'ai plus aucune peur. Parce que je les rencontre tous les jours. On se dit bonjour, ils me sourient, je leur sourit. Maintenant de les voir pour moi c'est normal."
"C'est ce genre de résultats qui donnent de l'espoir"
Il faut du temps, de la patience pour accepter l'autre. C'était le pari de François Cohendet le maire de Ferrette qui a gardé dans une pochette les lettres hostiles qu'il a reçues au moment de l'annonce de l'arrivée des réfugiés dans la commune. "Zéro migrants à Ferrete", "La France pays de race blanche", "L'Europe est pourrie à cause de vous", "On est chez nous"...
Après ce déferlement de haine, il est aujourd'hui fier du chemin parcouru.
"J'espère que Ferrette peut être un exemple pour d'autres communes. C'est ce genre de résultats qui donnent de l'espoir."
Aux dernières élections européennes le Rassemblement national, qui dénonce un laxisme migratoire, y a d'ailleurs réalisé un score plus faible que la moyenne du département (19% contre 25%).