Le tatouage est-il passé de mode? “Ça fait 40 ans qu’on pose la même question”, lance Tin-Tin

Un art corporel toujours vivant… et plus divers que jamais. Contrairement aux idées reçues, le tatouage ne se meurt pas: il se transforme, se raffine, et s’intègre toujours davantage à la culture contemporaine. En France, près d’un adulte sur cinq a un tatouage permanent, preuve que l’engouement demeure largement intact
Les styles actuels témoignent d’une évolution forte et riche: le minimalisme s’impose avec les tatouages au trait fin ou micro-tattoos, souvent placés discrètement sur le poignet, la cheville ou derrière l’oreille.
Des cliniques de détatouages
Des styles plus graphiques émergent, mélangeant abstrait et figuratif, ou revisitant le tribal avec des inspirations cyber-tribales, modernes et géométriques. À l’international, on note des tatouages naturels (botaniques, animaux) associés à une dimension écoresponsable ou engagée. Le tatouage, en 2025, est pluriel, personnalisé, et aussi esthétique que symbolique.
Les réseaux sociaux jouent un rôle majeur dans cette vitalité. Ils ont transformé les portfolios des tatoueurs en galeries en ligne modernes, interactives et largement visibles. TikTok, Instagram et Pinterest permettent désormais aux clients d’explorer des styles, suivre des artistes, et partager leur propre processus
Sur TikTok, les hashtags liés au tatouage totalisent des milliards de vues en avril 2025. Les mini-tatouages, les stories de création, les transformations, les cover-ups… tout contribue à renforcer l’attrait pour cet art.
Mais tous les signes ne sont pas au vert pour autant: un nombre croissant de jeunes professionnels optent pour retirer un ou des tatouages, craignant qu’ils ne soient plus cohérents avec leur image ou leurs perspectives de carrière. En Irlande, les cliniques constatent une hausse de 50% des demandes, notamment pour enlever des tribals antérieurs ou des noms devenus obsolètes.
Explosion des salons de tattoos
En Corée du Sud, des célébrités effacent leurs tatouages comme marque d’adaptation aux normes socioculturelles. La mode dite “clean girl”, prônant la sobriété et l’absence d’artifice, a parfois été interprétée comme une hostilité au tatouage. Toutefois, la majorité des adeptes arborent en réalité des micro-tattoos discrets, preuve que le tatouage s’adapte, sans disparaître.
Xavier, un auditeur d’Estelle Midi, admet qu’il y a des effets de mode autour du tatouage. Pour le gérant d’auto-école, un tatouage, ça se réfléchit pour ne pas le regretter. “Mon premier tatouage, j'avais 14 ans, on s'est tatoués nous-mêmes avec un pote", raconte-t-il. Pour lui, il n’y a rien de ringard au tatouage, donc. La preuve: "Cette année, je ne suis pas parti en vacances, j'ai passé le budget de 4.000€ que j'avais pour me faire de nouveaux tatouages.”
Le célèbre tatoueur TinTin partage son avis. “Ça fait 40 ans qu’on entend dire que le tatouage, c'est un effet de mode et pourtant il y a de plus en plus de gens tatoués”, dit le président du syndicat national des artistes tatoueurs. “C’est tellement populaire aujourd’hui qu’il y a trop de tatoueurs et beaucoup d’entre eux qui font n’importe quoi”, conclut-il.