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Les demandes d'asile proches de leur record en 2022, expulsions et régularisations en hausse

Gérald Darmanin le 8 décembre 2022 à Bruxelles

Gérald Darmanin le 8 décembre 2022 à Bruxelles - KENZO TRIBOUILLARD / AFP

Les demandes d'asile ont approché leur record en 2022, année également marquée par une hausse des régularisations et des expulsions, selon des données provisoires publiées jeudi par le ministère de l'Intérieur, à l'approche de la présentation en Conseil des ministres du projet de loi immigration.

Plus de 137.000 premières demandes d'asile ont été enregistrées dans les guichets uniques dédiés (Guda) en 2022, un nombre en hausse de 31,3% par rapport à 2021 et proche du niveau de 2019 (138.420). Tous cas de figure compris (réexamens, mineurs, procédures Dublin...), elles dépassent même le record d'avant-pandémie, avec 156.103 demandes en 2022 (151.283 en 2019).

Les principaux pays d'origine des primo-demandeurs d'asile sont l'Afghanistan, aux mains des talibans depuis août 2021 (22.570 demandes en 2022), le Bangladesh, la Turquie, la Géorgie et la République démocratique du Congo.

Plus de 65.000 majeurs ukrainiens accueillis

Fin 2022, selon Beauvau, 65.833 Ukrainiens bénéficiaient de la protection temporaire en France, un chiffre qui ne prend pas en compte les mineurs. Ce dispositif de "protection temporaire" européen, inédit, a été déclenché après l'invasion de l'Ukraine par la Russie fin février 2022, et leur donne droit à une prise en charge et un droit au séjour qui ne relève pas du statut de réfugié.

"Si on rajoute les Ukrainiens (aux demandes d'asile), c'est un niveau d'immigration inédit en France", constate le directeur général de l'Office français de l'immigration et de l'intégration (Ofii), Didier Leschi.

Les structures d'hébergement d'urgence, saturées, n'ont pas explosé car les déplacés ukrainiens "ne sont pas placés dans le dispositif national d'accueil" traditionnel, rappelle-t-il.

Plus d'expulsions qu'en 2021 mais moins qu'en 2019

Le ministère de l'Intérieur a recensé 15.396 expulsions d'étrangers en 2022, soit 15% de plus qu'en 2021 mais un tiers de moins qu'en 2019, année lors de laquelle 23.746 éloignements avaient été enregistrés.

"Conformément à mes instructions, la priorité a été donnée aux étrangers délinquants: 3.615 étrangers délinquants ont été expulsés en 2022, contre 1.834 en 2021, soit deux fois plus", a réagi sur Twitter le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin.

Les régularisations ont quant à elles augmenté de 8%, avec 34.029 "admissions exceptionnelles au séjour" en 2022. Cette hausse est "tirée par les motifs économiques salariés", soit les régularisations de travailleurs salariés en situation irrégulière, qui ont augmenté de 29,1%, a précisé le ministère de l'Intérieur.

Une bataille au Parlement

Ces chiffres devraient servir de base aux joutes parlementaires entre majorité et oppositions, notamment LR, autour du projet de loi immigration porté par le gouvernement, qui doit être présenté en Conseil des ministres le 1er février selon le ministère de l'Intérieur. Le texte, qui arrivera en première lecture probablement en mars au Sénat, vise surtout à faciliter les expulsions d'étrangers qui présentent une menace pour l'ordre public, notamment par une réforme "structurelle" de l'asile et du contentieux des étrangers.

Il prévoit également de favoriser l'intégration par la langue et par le travail, à travers notamment la création d'un titre de séjour "métiers en tension". Alors que l'exécutif aura besoin des voix de députés d'opposition pour faire passer ce projet de loi, le nouveau patron du parti Les Républicains Eric Ciotti a déjà affirmé qu'il voterait "contre ce texte" qu'il qualifie de "leurre" et de "fruit d'un mauvais compromis".

La rédaction avec AFP