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Les écoles menacées face à la radicalisation des élèves : le désespoir des professeurs

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Sortir les élèves radicalisés des établissements scolaires et les placer dans des structures spécialisées. C’est la piste avancée ce jeudi soir par Gabriel Attal, le Ministre de l’Education sur France 2, afin de mieux protéger les écoles face aux risques d’attentats terroristes.

Gabriel Attal a annoncé “travailler à des mesures” en ce sens en coopération avec les ministres de la Justice Éric Dupond-Moretti et de l'Intérieur Gérald Darmanin, pour trouver des structures spécialisées pouvant accueillir ces élèves.

Selon le ministre de l'Education, autour d’un millier de mineurs sont suivis. Certains car un membre de leur famille est particulièrement surveillé. Le ministre indique être en train d’évaluer le nombre de mineurs potentiellement radicalisés évoquant “probablement plusieurs dizaines de jeunes”.

Le corps enseignant partagé sur cette mesure

Dans les établissements scolaires, l’idée de sortir ces élèves du système classique suscite des interrogations.

Dans ce lycée du XXème arrondissement de Paris, des assistants d’éducations comme Bruno et Léonie sont inquiets d’une telle mesure. Au-delà de la pertinence du dispositif, ils se questionnent sur sa mise en œuvre. Pour l’heure, ces établissements spécialisés n’existent pas.

Parmi les défenseurs de la mesure, le SNAL (syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur).

Séraphin Alava, professeur en sciences de l’éducation à l’Université de Toulouse, membre de la Chaire Unesco de prévention de la radicalisation et de l’extrémisme violent est mitigé quant à cette mesure de “structures spécialisées”.

"Il est dommage que dans une période où il faut soutenir l'éducation, on donne la consigne qu'on va se débarrasser des éléments perturbateurs" explique le professeur Séraphin Alava, dans la Matinale Week-End sur RMC.
"La solution c'est une mobilisation générale avec de la formation, avec des moyens, avec une écoute faite des enseignants ", ajoute le professeur.
L'entretien RMC : Séraphin Alava - 21/10
L'entretien RMC : Séraphin Alava - 21/10
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Des professeurs de plus en plus menacés

Depuis l'attentat à Arras la semaine dernière, les incidents se multiplient dans les établissements. Les enseignants disent dans leur communiqué vivre "un sentiment d’abandon face à des dangers réels et persistants".

Plus de 300 fausses alertes à la bombe ont été recensées dans les collèges et lycées depuis la rentrée. Elles se sont multipliées avec le conflit opposant le Hamas et Israël : 75 pour la seule journée de jeudi.

À Cergy particulièrement, un couteau a été retrouvé dans la boîte aux lettres du collège du Moulin-à-Vent. Cet événement a poussé les enseignants et personnels à exercer leur droit de retrait.

Une situation qui se répète aussi dans le lycée Jules Verne à Cergy (Val d'Oise). Ce vendredi, près de 90% des enseignants ont décidé de faire valoir leur droit de retrait après un énième incident : des tirs de mortiers tirés devant l'établissement.

"On n’est pas devenue professeurs pour risquer sa vie et on ne peut pas enseigner avec la boule au ventre" , témoigne une professeure du lycée de Cergy.

Des actes issus d'une minorité d'élève mais qui crée un climat anxiogène pour les professeurs.

Elodie Vilfrite (édité par Cindy Nunes)