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Marseille, capitale oubliée: "Sans Marseille, la France serait parisienne, grise, terne, jamais contente"

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Marseille est de nouveau au coeur de l'actualité avec l'annonce d'un nouveau plan anti-drogue ce vendredi par Bruno Retailleau et Didier Migaud, dans une ville à l'influence majeure sur la France à travers les âges.

Marseille, c’est notre capitale oubliée. En comparaison de Paris, c’est notre sœur turbulente, celle qui ne fait pas tout comme il faut. Marseille n’aime pas obéir parce qu’elle préfère vivre. Sans elle, la France serait seulement parisienne, c’est-à-dire grise, terne et jamais contente.

Depuis quelques années, la ville reprend du poil de la bête et beaucoup de Parisiens s’y installent. Ils y vont parce qu’ils veulent fuir deux choses: l’ennui et… le Parc des Princes. Et entre nous, c’est un peu la même chose.

Marseille se remet peu à peu d’une mauvaise réputation, pas complétement volée d’ailleurs, qu’elle se traîne depuis longtemps. Son problème depuis toujours, c’est le trafic de drogue. Dans les années 1930, c’est une plateforme de l’opium, dans les années 1960, de l’héroïne. C’est ce qu’on appelle la French Connection. Et forcément, ça a entraîné le grand banditisme. Alors depuis, ça s’est beaucoup calmé, mais comme le montre l’actualité, il y encore des progrès à faire.

La matinale 100% info et auditeurs. Tous les matins, Apolline de Malherbe décrypte l'actualité du jour dans la bonne humeur, avec un journal toutes les demies-heures, Charles Magnien, le relais des auditeurs, Emmanuel Lechypre pour l'économie, et Matthieu Belliard pour ses explications quotidennes. L'humoriste Arnaud Demanche vient compléter la bande avec deux rendez-vous à 7h20 et 8h20.
L'avis tranché d'Arthur Chevallier : Marseille, la capitale oubliée - 08/11
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Grâce à Marseille, la France est un peu moins tournée sur elle-même

Marseille a-t-elle toujours été une ville aussi violente? Pas du tout, historiquement, c’est même le contraire. Marseille, c’est un des berceaux de la civilisation antique en France. En -600 avant Jésus Christ, une tribu grecque, les Phocéens, d’où son surnom "la cité phocéenne", s’y installe. Et à l’époque, Marseille, ça s’appelle Massalia. Elle est ensuite conquise par Jules César qui l’intègre à l’empire romain. Bien plus tard, elle appartient à ce qu’on appelle le comté de Provence. Et la ville est finalement rattachée au royaume de France en 1481. Et alors là, c’est parti. Elle a une position idéale avec son port. Grâce à ça, la France augmente sa puissance économique, militaire, et sa domination sur la Méditerranée.

Mais Marseille, c’est pas que du commerce. C’est l’ouverture sur le monde, un endroit où des gens de toute la Méditerranée se rencontrent et cohabitent depuis des siècles. C’est vrai, c’est un peu le bordel, mais ça a créé une vraie culture. Grâce à Marseille, la France est un peu moins tournée sur elle-même. Cela ne peut pas lui faire de mal.

Il est urgent de s’occuper de cette ville. Et pourtant, il y a eu des tentatives. Marseille, c’est la ville de cœur d’Emmanuel Macron. En 2021, il avait lancé le fameux plan "Marseille en grand". C’était censé régler tous les problèmes, surtout sécuritaires. Mais les premiers résultats sont très mitigés. La Cour des comptes a même épinglé la mise en œuvre du plan il y a quelques semaines. Les effectifs promis ne sont pas au rendez-vous, des policiers refusent de venir à cause de la réputation de la ville, il y a des conflits entre les différentes administrations, etc. En gros, le dossier n’est pas suivi par l’Etat. Comme un air de déjà-vu.

Arthur Chevallier (édité par J.A.)