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Narcotrafic: Bruno Retailleau et Didier Migaud dévoilent ensemble leur plan à Marseille

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Le ministre de l’Intérieur, Bruno Retailleau, et le ministre de la Justice, Didier Migaud, se déplacent à Marseille ce vendredi pour annoncer le plan de lutte contre le narcotrafic, avec notamment la création d’un parquet national indépendant contre la criminalité organisée.

Bruno Retailleau et Didier Migaud sont attendus à Marseille ce vendredi pour dévoiler le plan du gouvernement contre le narcotrafic et plus globalement contre la "criminalité organisée". Ils doivent rencontrer des familles de victimes d’assassinats liés aux trafics de stupéfiants. Le ministre de l’Intérieur va aussi se rendre dans un commissariat des quartiers Nord, et le garde des Sceaux à la prison des Baumettes.

Une visite commune pour deux ministres qu’on disait opposés, divergents sur la stratégie à adopter, qui veulent montrer qu’ils font front uni. Et ce n’était pas gagné d’avance, tant les deux ministres ont chacun marqué leur différence. Il y a quelques jours encore, un proche de Bruno Retailleau maintenait la pression sur ce déplacement à Marseille, voulant d’abord s’assurer que le garde des Sceaux était bien sur la même longueur d’onde. Notamment sur cette idée, défendue par le ministre de l’Intérieur, de créer un parquet national dédié à la lutte contre la criminalité organisée.

Un parquet indépendant, comme l’antiterroriste. Une idée accueillie avec prudence au ministère de la Justice. Au final, les deux ministres ont fini par s’accorder cette semaine. Ce parquet verra le jour. "Ils ont travaillé de concert" assure-t-on à Matignon, où l’on juge "important" de les voir ensemble ce vendredi. Un signal politique, "façon d’incarner l’union nationale contre les trafics", dit-on à Beauvau. D’ailleurs, le gouvernement va s’appuyer sur une proposition de loi transpartisane, de sénateurs LR-PS, qui sera débattue en janvier.

"Il faudrait beaucoup plus de moyens humains, logistiques et financiers"

Sur place, à Marseille, les familles de victimes attendent beaucoup des annonces des ministres. "On a l’espoir que les choses vont avancer favorablement", explique Karima Meziene, porte-parole du collectif des familles, qui regroupe notamment des proches de victimes du narcotrafic. Depuis l'assassinat de son frère, Karima, qui va rencontrer les ministres ce vendredi, milite pour obtenir la justice dans des délais raisonnables.

"Il a été assassiné en 2016 et aujourd’hui, j’attends toujours que son affaire soit élucidée, qu’on ait une réponse pénale, souligne-t-elle. Il n’y a rien qui vient. J’ai envie de rappeler au garde des Sceaux et à M. Retailleau qu’on est des victimes et qu’on a été laissées sur le bas-côté. Les assassins de mon frère, ce sont peut-être les narco-bandits d’aujourd’hui."

Un besoin de justice plus rapide que partage Laetitia Linon, également porte-parole du collectif des familles, depuis la mort de son neveu en 2021: "Les classements sans suite, c’est la hantise de toutes les familles. On nous les a pris, ils sont enterrés et derrière, on ne va pas rechercher les assassins. Je ne peux pas. Il faudrait beaucoup plus de moyens humains, logistiques et financiers à la police pour enquêter dignement".

Laetitia, comme pour Karima, se veulent optimistes sur les annonces à venir. Mais toutes les deux insistent: il faut aussi des mesures sociales pour répondre au problème du narcotrafic.

LP avec Sébastien Krebs et Anna Jaujard