Mayotte: un collège accueille les habitants des bidonvilles qui ont tout perdu

Tous les établissements scolaires ne pourront pas rouvrir comme prévu le 13 janvier, après les vacances de Noël, admet Emmanuel Macron, qui évoque de possibles scolarisations temporaires "sur un autre territoire".
Après les ravages provoqués par le cyclone Chido, "on recense la situation du bâti. Il y a des communes (...) qui ont perdu les trois quarts de leurs écoles", quand dans d'autres, "les écoles sont occupées par des gens qui n'ont plus de toit", explique le chef de l'État dans un entretien paru ce vendredi à Mayotte la 1ère, le Journal de Mayotte et Kwezi TV.
Au moins 40% des bâtiments des quelque 250 établissements scolaires - 221 écoles, 22 collèges et 11 lycées - de l'archipel ont été endommagés au point d'être rendus inutilisables.
Emmanuel Macron insiste toutefois sur le fait que l"l'école doit aussi reprendre", à la fois pour "l'apprentissage" des élèves et pour que les parents qui "sont soignants, policiers, sapeurs-pompiers" puissent se rendre au travail.
Hébergements temporaires
Environ 29 établissements scolaires sont pour l'instant utilisés pour héberger des sinistrés. C'est le cas dans le quartier Majicavo à Mamoudzou, la capitale, où 350 personnes sont logées et nourries dans le collège du quartier. Une soupape, une bulle de décompression pour tous ses habitants traumatisés.
Dans les salles de cours, les familles s’installent sur des matelas de gym, séparés par des tables d’écoliers: "Dans cette chambre, il y a beaucoup de monde. On est serrés". Nazia, 15 ans, a perdu sa case lors du cyclone et comme si elle devait se justifier, elle a aussi perdu ses cours de seconde.
"C'est dur. Mes dossiers, tout ce qu'il y avait dans la maison, on a tout perdu", s'émeut-elle.
Mais elle a un abri où dormir, un endroit sécurisé, et c’est l'important pour Alahdin, 17 ans: "Il y a des lumières, je vois ma mère et mon père à côté de moi, il y a de l'eau pour boire". On se repose et on mange surtout. Les enseignants appellent les numéros de salles de classe pour distribuer le seul repas de la journée. Madame Charles, la professeur d’anglais, distribue la nourriture dans de grandes casseroles: "Comme c'est du riz et du poulet, je pense qu'ils vont être ravis aujourd'hui".
"Les familles partent sur le chantier le matin"
De son côté, l’infirmière du collège, Céline, soigne les petites plaies qui peuvent très vite s’aggraver: "Les familles partent sur le chantier le matin et laissent les enfants. Ils rentrent le soir, blessés, dans un contexte aussi catastrophique d'un point de vue sanitaire".
"Il n'y a pas de petites plaies", affirme l'infirmière.
Le proviseur de l’établissement reste optimiste, il accueillera quelques familles de plus ce week-end. Les habitants des bidonvilles, eux, sont résignés. Le collège peut encore tenir trois jours avec ses réserves de nourriture. Mais pas un de plus.
Le bilan provisoire du passage du cyclone Chido s'élève désormais à 35 morts et quelque 2.500 blessés, a annoncé ce vendredi le ministère de l'Intérieur, mais les autorités craignent un bilan beaucoup plus lourd. Environ un tiers de la population (officiellement 320.000 habitants, mais avec possiblement 100.000 à 200.000 personnes supplémentaires en situation irrégulière) y vit dans de l'habitat précaire, en grande partie détruit par Chido.