"On l'entend à 10 km à la ronde": la colère des communes autour du Teknival

"Beaucoup de bruit". Le Teknival, festival de musique techno aux airs de grande rave party, fait son retour ce week-end. Alors que de nombreuses préfectures ont pris des arrêtés pour interdire l'organisation de ce festival, qui fête ses 30 ans, il s'est installé ce jeudi dans un petit village de l'Indre, Villegongis, 106 habitants. Malgré l'interdiction de la préfecture de l'Indre, qui a annoncé par ailleurs qu'un blessé en urgence absolue est déjà à déplorer vendredi matin, en marge du festival, après avoir été écrasée par un véhicule, selon La Nouvelle République et France Bleu Berry.
Président de la communauté de communes Levroux Boischaut Champagne, dont fait partie Villegongis, le divers-droite Alexis Rousseau-Jouhennet, invité d'"Apolline Matin" ce vendredi sur RMC et RMC Story, explique que "le Teknival s'entend dans un rayon de 10 kilomètres à l'ouest de Villegongis, où 17 à 18.000 personnes sont déjà en place depuis 24h et cela va durer malheureusement quatre jours, au moins".
Le rassemblement illégal devrait atteindre "30 à 40.000 personnes" au pic du festival, samedi soir. L'ancien gendarme et spécialiste du maintien de l'ordre, Bertrand Cavallier, estime que la gendarmerie a perdu "une course de vitesse" face aux festivaliers pour empêcher l'installation du Tecknival.
"La gendarmerie avait été alertée, il y avait un plan de renseignements mais c'était une course de vitesse. Mais (les organisateurs) utilisent des réseaux bien protégés, fixent un point de regroupement et arrivent à plusieurs centaines", explique-t-il.
"Un mécontentement face à une certaine impunité"
Pour le maire de la commune voisine de Levroux, Alexis Rousseau-Jouhennet, "il y a un sentiment de colère et de frustration" chez la population.
"Une mini-ville s'est installée en l'espace de 24 heures, sans aucun moyen, sans eau, sans moyen de collecte de déchets, sans dispositif de salubrité et santé publique".
Alexis Rousseau-Jouhennet estime qu'il y "a aussi une sorte de mécontentement face à une certaine impunité vis-à-vis des mêmes personnes, alors que la plupart des Français doivent faire ce qu'il faut quand on organise des événements".
"Faire preuve de pragmatisme" pour les gendarmes
Un sentiment de "lassitude de l'opinion publique" que comprend l'ex-gendarme Bertrand Cavallier, qui voit un "problème de manque d'autorité ou de déficit de puissance de l'État".
"Le rapport de force est tel qu'on est dans une situation qui nous pousse à faire preuve de pragmatisme" juge-t-il.
Le "pragmatisme" sera de contrôler le festival sans le déloger, pour qu'il se passe bien: "Il y a toute une action de contrôle de véhicules, d'identification d'individus, des actions de prévention pour éviter la conduite sous un état alcoolique. La gendarmerie va constituer ensuite une force pivot à laquelle vont s'agréger d'autres services de l'État et des associations pour faire en sorte que l'événement se passe le mieux possible".