"Pas besoin d’ajouter des chèvres et des poules": Eric Elmosnino et les boulistes de Montmartre ne veulent pas déménager

Le CLAP, le Club Lepic Abbesses Pétanque, va-t-il devoir déménager du boulodrome qu'il occupe depuis près de 50 ans près de l'avenue Junot dans le 18e arrondissement de Paris, sur la butte Montmartre? Alors que les boulistes occupent sans titre le lieu depuis 1971, la mairie veut le récupérer pour en faire un "espace vert accessible" à tous les Parisiens. Un espace comprenant une micro-ferme avec chèvres et poules. Il a été confié à un hôtel de standing mitoyen, qui s'est engagé à verser une redevance annuelle de 60.000 euros, le végétaliser et l'ouvrir au grand public.
Le Conseil d'Etat a donc ordonné au club de partir sous 15 jours. Mais les boulistes du club ne sont pas de cet avis et certains ont décidé de camper sur place, nuit et jour s’il le faut.
Des toiles de tente en bordure des terrains de pétanque. Nathalie, jeune retraitée, est prête à dormir ici toutes les nuits s'il faut défendre son jardin d'Eden.
“Ici, c’est ma famille. Je ne vais pas aller marcher seule dans les rues, je ne vais pas aller me mettre dans un café, je vais venir ici”, indique-t-elle.
Jean-Charles, lui, ne campera pas sur le terrain de boule. “Moi, je ne campe plus, j’ai campé quand j’étais louveteau”, explique-t-il. Mais à 89 ans, il a vu la création du club de pétanque en 1971. “Pour le restant de mes jours, j’espérais pouvoir continuer à jouer aux boules, à rencontrer les copains… Ça me fait mal au cœur”, confie-t-il.
Une aubaine économique pour l'hôtel?
Le Conseil de Paris a confié pour 12 ans cet espace à un hôtel particulier mitoyen pour en faire un espace vert modèle en matière de biodiversité, ouvert à tous. On se trompe de combat pour Eric Elmosnino, comédien et bouliste.
“Il n’y a pas besoin d’ajouter des chèvres et deux poules. Il existe déjà, cet endroit de partage et de convivialité. On a l’impression que maintenant Paris, ce n’est plus une ville où tu peux vivre, c’est un musée”, dénonce-t-il.
De son côté, Oscar Comtet, l'hôtelier de luxe, défend la volonté de créer un espace ouvert à tous. “C’est quoi la solution? Qu’ils (les boulistes) privatisent l’endroit, qu’ils continuent à se mettre des caisses pas possible et que ça dégénère à deux heures du matin”, lance-t-il.
Et il l'avoue, l'attractivité du parc aura pour effet d'augmenter de 30% sa clientèle pour le déjeuner. La mairie assure que les boulistes pourront rester, mais en partageant l'espace et après quelques mois de travaux visant notamment à détruire leur buvette, "totalement illégale".