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Polémique "steak" végétal: "Il faut arrêter de prendre les gens pour des jambons", plaide La Vie

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Les "steaks" végétariens, "saucisses" de légumineuses ou "jambon" vegan, vont-ils pouvoir continuer à s'appeler comme ça ? Un vote doit avoir lieu au Parlement européen ce mercredi. Invité de RMC, Romain Jolivet, directeur marketing de La Vie, une marque de charcuterie végétale française, ne comprend pas l'acharnement des lobbys de la viande.

“Steak végétal”, “Jambon végan”... Plusieurs dénominations d’alternatives à la viande sont dans le viseur du Parlement européen. Un vote doit avoir lieu mercredi, il est notamment soutenu par le milieu agricole qui voit dans les protéines végétales une menace pour la viande.

Un vote que dénonce Romain Jolivet, directeur marketing de La Vie, une marque de charcuterie végétale française.

“On risque de perdre le droit d’appeler nos produits par le nom qui est le plus clair pour nos consommateurs. On pense que c’est un problème parce qu’on estime qu’aujourd’hui, il faut donner des repères assez clairs aux consommateurs", estime-t-il.

"Aujourd’hui, on a besoin de transitionner vers plus de végétal, les alternatives végétales sont une façon de faire cela, ça peut aussi être manger plus de légumineuses. Mais pour que les consommateurs puissent engager cette transition, ils ont besoin de repères”, détaille-t-il.

L'invité du Morning : Romain Jolivet - 08/10
L'invité du Morning : Romain Jolivet - 08/10
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Un lobbying fort de l'élevage intensif?

Mais ce que dénoncent les opposants à ces noms, c’est l’aspect trompeur de ces appellations. "Ce n'est pas de la saucisse et ce n'est pas du steak, tout simplement, il faut appeler un chien un chien et un chat un chat", tacle Céline Imart, la députée européenne de droite à l'origine du texte.

Sauf que selon Romain Jolivet, il n’y a pas lieu de se tromper.

“Il faut arrêter de prendre les consommateurs pour des jambons sans mauvais jeu de mots. Un steak végétal, c’est un steak végétal, ça existe depuis 30 ans en France. Personne ne s’est jamais trompé et personne ne se trompera jamais", assure-t-il.

"La vérité, c’est que c’est une industrie privée extrêmement puissante qu’est celle de l’élevage intensif qui défend ses intérêts parce que les alternatives végétales leur font peur et sont en forte croissance”, ajoute-t-il.

Un vote incertain

Il rappelle que, par ailleurs, par deux fois en avril 2024 et janvier 2025, le Conseil d’Etat a débouté le lobby de la viande industrielle en disant que le motif de tromperie du consommateur n’était pas retenu.

Le directeur marketing de La Vie explique que ces noms ont surtout pour but de permettre d'accélérer une transition vers le végétal qu’il juge aujourd’hui nécessaire.

“Si on dit steak végétal ou lardons végétal, vous vous projetez tout de suite dans une quiche lorraine, dans un burger. Mais si on interdit ces noms, c’est un frein au changement qui nous semble assez contre-productif”, assure-t-il.

Si le texte, débattu mardi à Strasbourg, est adopté le lendemain, les aliments étiquetés "saucisse", "hamburger", ou encore "escalope" ne pourraient être appelés ainsi que s'ils contiennent de la viande. L'issue du vote reste toutefois incertaine. Et les eurodéputés devront encore négocier avec les 27 États de l'Union européenne sur la modification proposée.

Guillaume Descours Journaliste RMC