Promotions, semaine de vacances et "job dating": comment la campagne déroule le tapis rouge aux citadins
C'est une tendance qui s'est accélérée avec l'épidémie... Les régions rurales tentent d'attirer les salariés des villes pour qu'ils viennent s'y installer. La plupart du temps ces départements ruraux ou ces petites villes, ont profité de trois phénomènes: la percée du télétravail, l'appétence des citadins pour le vert, les grands espaces la maison avec jardin et la chute du marché publicitaire qui a leur a permis de se payer des campagnes d'affichage dans le métro parisien, sur les réseaux sociaux et même à la télé avec des slogans parfois discutables...
Évidemment, il y a des références à la nature: "Sologne, de l'air", "Le soleil se lève plus tôt en Grand Est", "A vol d'OISEau, j'aime l'Oise". Oui, parce qu'il y a aussi des jeux de mot: "Seine-et-Marne, le vrai grand pari" en référence au projet du Grand Paris. Il y a aussi beaucoup d'anglicismes, ça fait moderne : "Peace Aisne Love", "Are you Lim, Yes you are". Et puis certains sont un peu plus olé-olé : "En Gironde chacun cherche son point G". Ou encore "Finalement la taille compte. Alès, une ville à taille humaine". L'objectif, c'est d'attirer des familles avec un gros pouvoir d'achat dans des régions qui perdent des habitants et qui ont des entreprises qui luttent pour trouver des salariés.
Des atouts indispensables
Au-delà des slogans, aujourd'hui il y a trois atouts indispensables : de beaux paysages, un taux de chômage faible, sans oublier une bonne connexion internet... Avoir une gare TGV à proximité est un gros plus pour attirer les franciliens. Mais ils ne sont pas les seules cibles : Saint-Etienne et Roanne essaye d'attirer les Lyonnais, les petites villes girondines draguent les Bordelais, etc.
La concurrence est féroce pour se démarquer, les départements et les petites villes multiplient les initiatives. Par exemple, l'Aveyron organise des mini salons de l'emploi pour que les entreprises locales rencontrent les chômeurs parisiens... Autre exemple : les villes de Châteauroux, de Laval ou de Nevers dans la Nièvre ont créé un programme d'intégration, à Nevers, c'est le WIN (Welcome in Nevers). Et la Nièvre ne manque pas d'idée puisqu'elle a même offert à soixante familles franciliennes une semaine de vacances pour leur faire découvrir le coin et les inciter à s'installer. Et à Orthez, le maire offre carrément des places de piscine.
Est-ce que ça marche?
Jusqu'ici, la méthode ne fait pas vraiment recette. Le Parisien qui change de vie pour s'installer à la campagne, c'est une image d'Epinal, selon l'Insee, ça existe mais c'est très très rare. En fait les Parisiens qui quittent Paris restent en ville mais en banlieue, ou alors ils rejoignent les grandes villes comme Lyon, Marseille ou Bordeaux... là où il y a du travail. Mais l'épidémie pourrait avoir changé la donne, il est encore trop tôt pour le savoir.
Les Parisiens font-ils monter les prix?
C'est un cliché qui a la vie dure mais les chiffres nuancent beaucoup. À Rennes, par exemple, l'immobilier explose mais les Franciliens ne représentent que 6% des acheteurs, selon Notaires de France. Autre exemple : Lille, les Franciliens n'ont acheté que 2% des biens alors que le marché a augmenté de 10%. Et à l'inverse : à Paris le marché explose alors que les Parisiens quittent la ville. En fait, c'est surtout que les emplois se concentrent aujourd'hui en ville et donc les grandes villes aspirent les populations. et puis il y a les étudiants, de plus en plus nombreux, et la hausse des divorces, qui joue également car qui dit plus de familles éclatées, dit plus de besoin en logements.
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