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"Rillette": le sanglier domestiqué, menacé d'être séparé de sa propriétaire, obtient un sursis

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La laie "Rillette", menacée par les services de l'Etat d'être séparée de sa propriétaire Elodie Cappé, obtient un sursis. La justice a ordonné au préfet de l'Aube de réexaminer sa position, alors que l'animal, d'origine sauve, est vacciné, sérilisé et habitué aux humains depuis près de 2 ans.

Bonne nouvelle pour "Rillette", la justice administrative a suspendu ce jeudi 16 janvier la décision du préfet de l'Aube interdisant à Elodie Cappé, propriétaire de "Rillette", de garder la laie qu'elle avait recueillie à l'état sauvage en 2023, selon l'ordonnance du tribunal dont l'AFP a obtenu copie.

Cette histoire fortement médiatisée a culminé samedi avec l'organisation d'une marche blanche, à Chaource, près de Troyes, afin de défendre "Rillette". Les services de l'Etat ont notamment proposé à sa propriétaire de confier l'animal à une dresseuse pour le cinéma, avant de brandir la menace d'une potentielle euthanasie. Elodie Cappé s'en était indignée sur RMC au micro d'Anaïs Matin, expliquant que ce serait comme "si je prenais mon chien et que je l'abandonnais à la SPA".

Élodie Cappé, à la tête d'une écurie privée près de Chaource, au sud de Troyes, a recueilli et adopté ce marcassin femelle qui s'était réfugié sur sa propriété. Rillette est aujourd'hui une adulte de 100 kg habituée aux humains. "Elle était en détresse, je n'allais pas la laisser agoniser", expliquait-elle samedi sur RMC. "Rillette" est désormais comme un "membre de la famille".

L'invitée du jour : Elodie Cappé - 11/01
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Des tentatives de régularisation infructeuses

Mais les tentatives d'Elodie Cappé pour régulariser la situation de la laie auprès des services préfectoraux en vue de garder légalement l'animal ont toutes échoué jusqu'à présent. Sa troisième demande avait été rejetée fin novembre, ce qu'elle contestait devant le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne.

La préfecture arguait que seuls les animaux provenant d'un élevage d'origine connue peuvent prétendre à une autorisation de détention par un particulier. Mais dans son ordonnance, le juge des référés de Châlons a estimé que le régime applicable à la détention des animaux non domestiques n'exige "à aucun moment que ceux-ci soient nés et élevés en captivité".

Délai d'un mois

Et même si la capture de sangliers vivants dans la nature est en principe interdite, le préfet a toujours la possibilité de l'autoriser, a relevé le juge. C'est pourquoi il a ordonné au préfet de l'Aube de réexaminer la demande d'Elodie Cappé dans un délai d'un mois. "Nous sommes très heureux" a réagi Elodie Cappé auprès de l'AFP, espérant que la préfecture va "enfin m'octroyer le droit de garder Rillette".

Pour son avocat Karl Burger, Elodie Cappé remplit toutes les conditions sur les règles de détention d'animaux d'espèces non domestiques: "Rillette est vaccinée et stérilisée. Elle vit dans un enclos sécurisé par rapport aux tiers et aux animaux sauvages. Dans son enclos, elle a tout le confort".

La laie bénéficie dans son domaine d'un vaste enclos aménagé pour elle, avec des clôtures électriques, a expliqué Elodie Cappé en décembre, assurant aller au-delà des normes requises pour accueillir un sanglier d'élevage.

Soutiens médiatiques

En juillet 2023, le préfet de l'Aube avait indiqué à Elodie Cappé que pour éviter l'euthanasie de sa laie, elle devait la placer dans un centre spécialisé. L'affaire connaît un fort écho populaire et médiatique depuis plusieurs semaines. Samedi dernier, une marche de soutien à Rillette a réuni à Chaource près de 500 personnes, dont les chroniqueurs de C8 Yann Moix et Eric Naulleau, a rapporté l'Est éclair. En décembre, Brigitte Bardot avait aussi publiquement apporté son soutien à Mme Cappé, comme la Fondation 30 Millions d'Amis. 

Léo Manson avec AFP