"Routes d'Europe": Palerme, une ville refuge pour les migrants en Italie

A cinq semaines des élections européennes, "Routes d'Europe" vous emmène en Italie. La ville de Palerme, loin de suivre le décret anti-migrants du ministre de l'Intérieur Salvini, fait figure de refuge pour les migrants et demandeurs d'asile.

Des murs blancs, un petit lit et son ordinateur près de lui. Moussa, 19 ans, vit dans cette chambre de 9 m2 depuis un an: "Aujourd'hui, je peux dire que je suis Palermitain car depuis que je suis ici en Italie, j'ai toujours vécu à Palerme, j'ai adopté la culture. On m'a dit qu'au nord de l'Italie, les gens étaient racistes, mais ici c'est tranquille, personne ne m'a jamais considéré comme un étranger".

Dans le centre d'accueil, le jeune Malien a appris à lire et à écrire, grâce notamment à Sara, travailleuse sociale: "Maintenant, ils font partie de la communauté, ils travaillent sur les marchés et ailleurs. Ils ont réussi à s'intégrer".

Les règles durcies par Matteo Salvini

Le centre accueille aujourd'hui 130 migrants. "On essaie de leur venir en aide du mieux qu'on peut, mais on ne peut pas changer la loi", déplore la jeune femme. La loi dont parle Sara, c'est le décret porté par le ministre de l'intérieur Matteo Salvini, qui durcit les règles en matière d'immigration. Des mesures que combat depuis des mois le maire de Palerme, Leoluca Orlando: "Pour moi, c'est un décret humain et criminel".

L'une des mesures vise à supprimer la protection humanitaire, accordée aux personnes vulnérables: "Ces migrants deviennent invisibles, on les prive de leurs droits. Je crois que Salvini est profondément anti-italien parce qu'il piétine notre tradition d'accueil".

Quelques minutes plus tard nous retrouvons Leoluca Orlando au restaurant Moltivolti, un espace de rencontre et d’échange autour des migrations et des cuisines du monde, devenu l'un des symboles de la ville pour ces habitués: "C'est la solidarité et l'accueil, des valeurs qui font de Palerme ce qu'elle est. C'est la résistance", témoignent de jeunes Palermitains.

L'an dernier, la commune de Palerme a délivré la nationalité italienne à près de 300 étrangers.

Anaïs Bouitcha et Pierrick Bonno