232.000 IVG pratiquées en France: "Beaucoup de femmes estiment que l'IVG est moins dangereux que la contraception" dénonce Israël Nisand sur RMC
Le nombre d'IVG au plus haut. Avec 232.200 interruptions volontaires de grossesse en 2019, le taux de recours à l'IVG atteint son plus haut niveau depuis 30 ans. Résultat d'une étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques, sous la direction du Ministère des Solidarités et de la Santé.
Pour le docteur Pia de Reilhac, vice présidente de la FNCGM, fédération nationale des collèges de gynécologie médicale, cette évolution s'explique par la défiance de femmes de cette génération à l'égard des pilules contraceptives.
“Un certain nombre d’articles, un certain nombre de livres qui ont accusé la pilule de beaucoup de maux, datent de 2011-2012. Il y a eu une telle peur à ce moment-là qu’une partie de la population s’est tournée vers des méthodes naturelles qui, on le sait, ne sont pas très efficaces”, estime-t-elle.
Un propos appuyé par le Professeur Israël Nisand, professeur gynécologie au CHU de Strasbourg. Selon lui, l’IVG a été banalisé.
“On a diabolisé la contraception et on a banalisé l’IVG. Le résultat est que dans une certaine proportion les femmes estiment que la contraception est dangereuse et que l’IVG ne l’est pas. Aujourd’hui, il devient de plus en plus difficile d’aider une femme dans sa contraception parce que la phobie des hormones fait son travail. Et pour beaucoup de femmes, il est moins grave et moins dangereux de faire des IVG, et même de les répéter que de prendre une contraception. Pourtant, l’IVG est coûteuse psychologiquement et elle est coûteuse en santé”, assure-t-il.
Les IVG liées au niveau de vie ?
Selon cette étude, le recours à l'IVG est aussi plus fréquent lorsque la grossesse intervient dans un climat de précarité financière. Un constat qui n'étonne pas Sarah Durocher, co-présidente nationale du Planning Familial, mouvement qui milite notamment pour le droit à l'avortement.
“Parfois, il peut y avoir un choix parce que financièrement, on ne peut pas garder une grossesse. Donc, pour nous, c'est des indicateurs qui ne nous surprennent pas. Ce que ça veut dire, c’est que des femmes ont plus le choix que d’autres, et que certaines sont moins informées que d’autres. Ce sont des choses qu’on voit sur le terrain nous”, affirme-t-elle.
Les deux femmes se réjouissent toutefois de la diminution en dix ans, des IVG chez les femmes de moins de 25 ans. La preuve, selon elles, que les campagnes de prévention portent leurs fruits.