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Accusée de ne pas faire assez de gardes, une médecin réquisitionnée par les gendarmes

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Parce qu'elle n'assurait pas ses gardes en raison d'une charge de travail déjà importante, la médecin d'un petit village de la Loire a reçu la visite de 3 gendarmes la réquisitionnant pour travailler le soir-même. Dans la foulée, la généraliste s'est mise en arrêt-maladie.

C'est une histoire lunaire qui témoigne du fléau des déserts médicaux. À Bully dans la Loire, une médecin accusée par l'ARS, l'Agence régionale de santé, de ne pas faire assez de gardes, a reçu la visite des gendarmes. Les forces de l'ordre l'ont réquisitionné pour assurer des gardes médicales qu'elle avait cessé de faire depuis le début de l'année.

C'est en pleine consultation dans le cabinet de Bully (400 habitants) où elle exerce que la médecin généraliste a vu débarquer le 21 janvier dernier trois gendarmes. Les fonctionnaires lui ont alors remis un arrêté de réquisition à la demande de l'ARS (Agence régionale de santé) lui intimant d'effectuer une garde de 20h à 00h le soir venu, révèle le quotidien local Le Progrès.

Face à cette réquisition préfectorale, la médecin s'est mise en arrêt-maladie. Elle a "suspendu temporairement son activité pour des raisons personnelles", assure le Centre de santé du Marais qui l'emploie. "Cette décision n'est pas liée à sa récente réquisition qui a simplement été un élément parmi d'autres dans sa réflexion", est-il écrit dans le communiqué.

Une réquisition "malheureusement pas extraordinaire"

Cette réquisition n'est "malheusement pas extraordinaire", assure ce mardi sur le plateau des Grandes Gueules le docteur Jérôme Marty. Car dans les déserts médicaux "les tours de garde sont de plus en plus fréquents". Ces tours qui se font sur la base du volontariat n'ont pas pu être assurés par la médecin de Bully, en raison d'un nombre d'heures déjà trop important et de nombreux patients.

Maxime Audin, directeur adjoint de l'ARS de la Loire assure à France 3 régions avoir proposé au préfet un arrêté de réquisition devant "le tableau de garde incomplet et pour assurer le meilleur accès aux soins des habitants".

Résultat, les gendarmes ont été envoyés à son cabinet, en vertu de la procédure de réquisition habituelle, avant qu'elle ne dépose un arrêt-maladie donc.

Débordée, une médecin n'assure plus ses gardes - 28/01
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"(L'ARS) prive de soins 40 personnes par jour à cause de ça"

"Pour une nuit légère de garde, soit 3 ou 4 patients, ce monsieur a donc privé de soins 40 personnes chaque jour", enrage le docteur Jérôme Marty sur RMC et RMC Story, qui remarque les ARS fonctionnent de façon disparate selon les régions.

"S'il appelait le médecin, discutait avec elle, il ne faisait pas cette connerie", estime le généraliste, qui rappelle aux médecins surmenés qu'ils ont le droit et le devoir de se reposer.

"Si vous soignez les gens en étant vous-même malade ce n'est pas un service que vous rendez aux gens", clame-t-il.

Face à la réquisition de leur médecin, la mairie de Bully a lancé une pétition demandant à ce qu'elle puisse reprendre son travail sans assurer les gardes. La pétition a d'ores et déjà été signée par 200 personnes, la moitié de la population de la ville.

G.D.