Affaire Kinder: le patron de Ferrero en France s'excuse et promet des dédommagements
"Je suis désolé". Pour la première fois depuis le début de l'affaire Kinder, le directeur général de Ferrero France, Nicolas Neykov, s'est exprimé et a fait son mea-culpa, face aux lecteurs du journal Le Parisien.
Kinder, une marque du groupe italien, est impliquée dans un scandale sanitaire depuis le mois d'avril d'avril. Des produits contaminés à la salmonelle avaient été mis sur le marché. Des centaines d'enfants sont tombés malades partout en Europe, cette bactérie provoquant principalement des gastro-entérites parfois très sévéres. 81 cas avaient été repérés en France, dont 22 hospitalisations.
"Une défaillance, pas une négligence"
Pour le patron du groupe transalpin, il y a eu défaillance dans l'usine belge où les produits incriminés avaient été produits et la bactérie trouvée dès le 15 décembre dernier.
"Est-ce qu’il y a eu défaillance ? Oui, c’est très clair. Est-ce qu’il y a eu négligence ? Non. Arlon n’est pas une usine poubelle."
Face à Nicolas Neykov, Annie, la maman d'un petit garçon contaminé, Marius, 2 ans et demi, qui lui fait remarquer que si la marque avait agit "dès décembre, ce ne serait pas arrivé." Le patron du groupe agroalimentaire lui promet un dédomagement:
"Je suis profondément désolé. Ce n’est pas acceptable. (...) Je vous le dis droit dans les yeux : vous serez dédommagée", explique-t-il à la mère de famille.
Alors que des bons d'achat de trois euros avaient été proposés par le groupe à certaines familles, Nicolas Neykov a consenti que "ce n’est effectivement pas comme cela qu’il faut dédommager une famille qui a eu un enfant hospitalisé". Il reconnaît aussi que le groupe "a donné le sentiment de mal gérer cette crise" avec un numéro vert qui explose et quatre à cinq jours de mise en place "de trop".
Un filtre dans une cuvre à beurre incriminée
Selon l'enquête interne de Kinder, l'origine de la contamination vient "d’un filtre situé dans une cuve à beurre laitier." "(La contamination) est arrivée dans l’usine soit par des matières premières contaminées, soit par des personnes", explique le patron de la branche française du groupe qui produit aussi des marques comme Nutella ou Ferrero Rocher.
Dans les mesures prises par le groupe Ferrero pour qu'un tel scandale sanitaire ne se reproduise plus, la marque italienne annonce que 50 % des tests dans les usines "seront désormais réalisés par un laboratoire extérieur homologué", notamment dans l'usine française basée en Normandie. Jusqu'ici, les tests étaient réalisés à 100% par le groupe Ferrero.
Rupture de confiance
Une crise comme celle-ci impacte aussi la confiance dans une marque. C'est aussi une chose que Nicolas Neykov reconnaît: "60 % des consommateurs n’ont plus confiance en notre marque", explique-t-il. Après le dédommagement des familles, le patron de la filiale française du groupe souhaite retisser le lien entre sa marque et les consommateurs. Il souhaite que cela se fasse dans la "transparence" et l'"écoute", même s'il le sait:
"Il faudra du temps pour vous convaincre de consommer à nouveau des produits Ferrero."
Pour la première fois, le groupe Ferrero donne aussi une idée de l'impact financier de ce scandale sur les finances du groupe transalpin: une chute de 40 % du chiffre d’affaires à Pâques, un temps fort pour les marques de chocolat, et plusieurs dizaines de millions d’euros de perdus. Au total ce sont plus de 3.000 tonnes de produits et plusieurs millions d'articles qui ont été retirés du marché et détruits.
Pour tirer les conséquences de ce scandale, Nicolas Neykov estime qu'il "y a globalement des choses à modifier dans les grands groupes alimentaires":
"J’ai des propositions à faire. J’espère rencontrer rapidement les associations de consommateurs et le nouveau gouvernement. Il y a des choses à changer pour que cela n’arrive plus jamais."