Affaire Lactalis: vers des sanctions pénales et financières durcies pour la grande distribution
Meilleur contrôle des industriels, interlocuteur unique pour les crises sanitaires et révision des procédures de retrait/rappel: ce sont les principales pistes tracées mercredi par la commission d'enquête parlementaire sur la contamination de laits infantiles Lactalis. Fin 2017, 36 nourrissons ont été atteints de salmonellose après avoir consommé un produit pour enfant fabriqué par Lactalis.
Le processus de retrait a été chaotique et de nombreux dysfonctionnements ayant mené à la contamination ont été mis au jour, ce qui a donné lieu à l'ouverture d'une enquête judiciaire et à la création de la commission d'enquête parlementaire, qui a rendu publiques ses préconisations mercredi. Son rapporteur, le député LREM de l’Aube Grégory Besson-Moreau, était l'invité de Bourdin Direct ce jeudi.
"C'est la chaine de distribution globale qui a déraillé"
"Je me suis aperçu lors des auditions qu'il n'y avait pas un seul responsable. C'est la chaine de distribution globale qui a déraillé, explique-t-il. C'est pour cela que ce rapport va tourner autour de 4 axes. Le premier axe va concerner l'industrie: on doit responsabiliser l'industriel. Deuxième axe, c'est l'Etat: on doit donner plus de moyens à l'Etat. Le troisième axe concerne la grande distribution, les magasins Leclerc, Carrefour et autres… qui doivent être sanctionnés pour le manque de réactivité dans les retraits et les rappels (de produits contaminés ou potentiellement contaminés). Enfin, les sanctions ne sont pas assez dissuasives aujourd'hui".
Grégory Besson-Moreau regrette également que Lactalis n'ait toujours pas été sanctionnée. "C'est pire que ça! Ça fait près de 15 ans qu'il y a des problèmes de salmonelle ou de bactéries autour de l'usine de Craon, d'où sont originaires les lots de laits contaminés. On a besoin d'une loi forte qui vienne protéger nos concitoyens et c'est pour cela que j'ai fait une proposition de loi cet hiver".
"Des boîtes ramenées par les clients puis revendues"
"Les distributeurs ne sont pas assez responsabilisés, c'est pour cela que les propositions du rapport vont vers des sanctions pénales et financières qui sont colossales, vraiment durcies. Je prends l'exemple de Leclerc: il n'est pas normal d'avoir, malgré les procédures de rappel, laisser près de 999 boîtes en rayons, dont certaines ont été vendues, ramenées par les consommateurs après les annonces de rappels puis remises en rayons et revendues!"
Grégory Besson-Moreau explique que l'on pourrait très bien à l'avenir bloquer le passage en caisse de ces produits, mais il faudrait pour cela changer les code-barres en QR codes. "On en a les moyens depuis des années, mais on ne le fait pas", a regretté le député.