Argent, récompense, cadeau... Des motivations efficaces pour arrêter de fumer ou manger gras ?

Alors que certains consommateurs réguliers d'alcool sont en plein "Dry January", d'autres, motivés par les résolutions de la nouvelle année, sont surement tentés d'arrêter - définitivement - le tabac. Seriez-vous intéressés d'échanger de l'argent contre un paquet de cigarette? Serait-ce une bonne motivation? D'autant que pour rappel, les prix du tabac sont les seuls à avoir augmenté en 2024 en France : +10,3% après +8,0%.
Apparement, oui, selon la conclusion d'une étude menée par par l'Université d'East Anglia, au Royaume-Uni. Selon elle, pour 100 personnes sélectionnées ayant reçu des contreparties financières, 10 étaient susceptibles d'arrêter la cigarette dans les six mois suivants, contre seulement 7 chez ceux n'ayant reçu aucune récompense monétaire.
"Thérapie comportementale"
"Je suis à fond, c'est ce qu'on appelle le management par contingence, une technique de thérapie comportementale. C'est très utilisé en Amérique du Nord, avec l'accompagnement d'un professionnel de santé. On va le voir une fois par semaine. On obtient un cadeau d'une certaine valeur, on substitue la récompense et cela fonctionne quelque soit le niveau social", explique ce jeudi sur RMC Laurent Karila, psychiatre et porte-parole de SOS Addictions.
Le même type d’expérience publiée en 2016 par l’université de Genève allait dans le même sens et affirmait même qu’elle permettait de doubler la réussite du sevrage tabagique. En France, il y a déjà des précédents. Ici la société Oméo, spécialiste de rénovation de l’habitat et du chauffage offre des billets d’avions à ses salariés qui arrêtent de fumer. C'est donc la société qui motive ses employés à arrêter de fumer en leur offrant des billets d’avion.
Il y a aussi l'exemple de cette société toulousaine Webatrio qui prend totalement en charge les frais éventuels de sevrage pour ses salariés, que ce soit sous forme de patchs, de séances chez un hypnotiseur ou un acupuncteur.
"Réguler ses habitudes, sans se frustrer"
En ce qui concerne la santé en général, depuis 2021, les entreprises qui souhaitent proposer la pratique du sport à leurs employés peuvent même bénéficier d’exonérations fiscales. Depuis 2017, à Poissy, dans les Yvelines, c’est la mairie qui propose à ses agents communaux de pratiquer une discipline sportive deux heures par semaine, sur leur temps de travail.
Pour autant, "il faut apprendre à modifier ses habitudes, à les réguler sans se frustrer", assure au micro d'Estelle Midi Laurent Karila, notamment à propos de la nourriture. "Il faut réguler le sucre et le gras mais il ne faut pas se dire 'on va tout arrêter'", poursuit-il, expliquant être contre les régimes qui prônent l'arrêt total du sucre. "C'est n'importe quoi".
Pour le tabac, cependant, le psychiatre est plus catégorique: "Je prône l'arrêt du tabac car il tue une personen sur deux et est responsable de la morts de 75.000 personnes par an et provoque plein de maladies," rappelle-t-il.
Tabac interdit dans l'espace public à Milan
D'autant que les politiques anti-tabac se renforcent un peu partout dans le monde. Par exemple, à Milan, fumer ne sera bientôt plus tendance: la capitale italienne de la mode et de la finance a décidé d'interdire la cigarette dehors à partir du 1er janvier, une première dans la péninsule.
Des politiques publiques qui tendent vers une société sans tabac, mais parallèlement, l'usage des drogues dures est en augmentation. La demande en cocaïne n'a jamais été aussi forte: 1,1 million de personnes en ont consommé au moins une fois dans l'année en 2023 en France, montre la dernière étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée mercredi.