RMC

Bébés nés sans bras: sur RMC, cette spécialiste dénonce un "scandale sanitaire" en Rhône-Alpes

Emmanuelle Amar, épidémiologiste et directrice générale du Remera, le registre des malformations en Rhône-Alpes était l’invitée de la matinale de Jean-Jacques Bourdin ce vendredi 5 octobre. Elle réfute les conclusions de Santé publique France concernant l’origine des malformations de bébés dans l’Ain et dénonce un "scandale sanitaire".

En cinq ans, sept bébés sont nés sans bras ou sans main près d’un village de l’Ain. Sept enfants, nés entre 2009 et 2014, dans un rayon de 17 kilomètres autour de Druillat, commune rurale située à mi-chemin entre Bourg-en-Bresse et Ambérieu en Bugey.

Cinq d’entre eux ont soit l’avant-bras droit soit l’avant-bras gauche atrophié, un autre n’a pas de main ni de poignet gauche, un autre n’a pas de main gauche mais un pouce, et enfin, un dernier n’a pas de main droite.

Sept en l’espace de cinq ans, c’est 58 fois plus que la normale. Des cas similaires ont aussi été recensés dans l’Ouest de la France. Trois bébés près de Mouzeil en Loire-Atlantique et quatre aux alentours de Guidel dans le Morbihan.

Outre les recherches statistiques, les parents ont été soumis à un questionnaire très précis. La piste génétique n’a pas abouti. Par ailleurs, aucun point commun significatif dans le mode de vie des parents, si ce n’est leur présence en milieu rural.

"L’absence d’hypothèse d’une éventuelle cause commune ne permet pas d’orienter des investigations complémentaires"

Alors y a-t-il un lien avec cet environnement, l’agriculture, certains produits chimiques? Non, répond Santé Publique France, aucun élément ne permet de l’affirmer de manière claire et certaine. Mais ce n’est pas vraiment l’avis du Remera, le registre des malformations en Rhône-Alpes qui a été le premier à travailler sur ces cas.

"Toutes les causes connues ont été éliminées. Il ne reste plus que des hypothèses sur les causes possibles. Je lis dans le rapport de Santé publique France qui est paru hier, une phrase qui m’étonne et qui est assez révélatrice: l’absence d’hypothèse d’une éventuelle cause commune, ne permet pas d’orienter des investigations complémentaires. Ça ne veut rien dire", dénonce Emmanuelle Amar, la directrice générale du Remera.

"Il y a peut-être une chose dans l’environnement"

Car pour l’épidémiologiste, des éléments sont pourtant présents et méritent d’être étudiés. Si ce phénomène ne fait pas l'objet de nouvelles investigations, elle prédit un futur "scandale sanitaire". 

"Dès lors qu’on a des cas groupés, trois fois de suite, dans trois territoires différents, on peut émettre l’hypothèse justement qu’il y aurait une cause commune. Ce n’est pas parce qu’on ignore cette cause commune qu’il ne faut pas chercher. Il y a peut-être une chose dans l’environnement. Ça peut être le trafic routier par exemple, parce que certains éléments en lien avec ça ont été découverts comme étant à l’origine d’autres malformations".
Bourdin Direct (avec C.P.)