"C'est indécent": une proposition d'indemnisation de 7.000 euros pour une victime de l'amiante

Une douche froide supplémentaire pour Hubert. Début avril, RMC dévoilait la situation de ce retraité de 86 ans, ancien fabricant de plaques de fibrociment dans une usine, touché par un premier cancer en 2003 du poumon gauche, puis en 2016 par un cancer du poumon droit et du larynx. Des cancers attribués par ses médecins à l'amiante utilisée dans cette usine. Son état est aujourd'hui critique et sa famille a déposé un dossier auprès du Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante (FIVA). Sans réponse pendant deux ans jusqu'à notre intervention, le 6 avril dernier.
"Mon papa a été reconnu en maladie professionnelle et il attend son argent. Il a travaillé et a été empoisonné. Il a eu un premier cancer du poumon gauche dû à l'amiante, après des métastases sur le poumon droit, et là il arrive en fin de vie. Ça reste un ouvrier avec une petite retraite, il veut faire ses derniers instants tranquille sans ne penser plus à rien. C'est une reconnaissance pour un empoisonnement indirect" expliquait alors Xavier, son fils.
"On aurait dû envoyer une photo de son état"
Huit jours après la diffusion de notre enquête, Hubert et ses proches ont reçu une proposition d’indemnisation par le FIVA. Elle estime le préjudice physique des trois cancers d'Hubert à… 7.000 euros. “Vu l’état de santé de mon papa, c’est minime." déplore Xavier qui juge cette somme "indécente".
"Il a quand même un cancer des deux poumons et du larynx. Maintenant, ça s’étend à la bouche. On aurait dû envoyer une photo de son état, ça aurait peut-être aidé. C’est incompréhensible !"
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Comment une indemnisation si faible est-elle possible? Nous avons contacté Christian Hutin, ancien député socialiste, président du groupe amiante de l'Assemblée nationale pendant plus de dix ans. Lui aussi trouve cette indemnisation honteuse. Il a constaté, au fil des années, que l’accompagnement du FIVA se dégradait, à mesure que les victimes de l’amiante disparaissent. Il accuse l’Etat de se désengager de sa responsabilité.
"L’Etat continue à penser qu’on peut mettre la poussière de l’amiante sous le tapis, que le combat peut cesser faute de combattants. C’est dramatique vu la détresse des familles", estime-t-il.
Les sommes décidées par... une grille
Le FIVA répond que les préjudices sont indemnisés selon une grille établie et explique qu’il propose des indemnisations parmi les plus importantes au monde. Mais le fonds admet tout de même que “certaines victimes attendent en effet une indemnisation supérieure au vu des préjudices endurés”.
Dans ce cas-là, la seule solution est de contester l’offre devant les tribunaux. C'est ce que va faire la famille d’Hubert, qui va engager des poursuites judiciaires contre le FIVA. Elle a rendez-vous avec son avocate le 10 mai.
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