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Cancer du poumon: comment fonctionne le "vaccin" français

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Les premières expérimentations d'un vaccin français contre le cancer du poumon sont encourageantes. Dans le monde, la recherche contre le cancer a fait un grand bond avec le développement de vaccins contre le Covid-19.

Un laboratoire français a présenté ce lundi des résultats encourageants sur un vaccin contre le cancer du poumon. Ce "vaccin" n'en est en fait pas vraiment un. Il ne fonctionne pas comme un vaccin au sens où on l’entend communément. C'est-à-dire l’injection d’une très petite dose d’une maladie pour apprendre au corps à se défendre à l’avenir. C'est le principe du vaccin contre la variole, contre la rage ou contre la grippe.

Ce qui a été présenté lundi, c’est plutôt un traitement. Il ne s’adresse qu'à des malades souffrant d’un cancer du poumon à un stade avancé, et il a été testé sur des malades en état de rechute après avoir déjà subi des traitements classiques.

On parle tout de même de vaccin parce que ce traitement fonctionne comme un vaccin. Il permet de former le système immunitaire pour qu’il reconnaisse les cellules cancéreuses et qu’il apprenne à les détruire… Concrètement, ce ne sont plus des médicaments ou des rayons qui essayent de lutter contre une tumeur mais ce sont nos défenses, nos lymphocytes, autrement dit nos globules blancs, à qui l'on apprend à reconnaître le mal et à le combattre.

Premiers résultats encourageants

Les premiers résultats sont encourageants. Encourageants, mais modestes. Tout le monde est d’accord pour dire qu’il faut rester prudent. L’étude a porté sur un peu plus de 200 patients très gravement malades répartis dans neuf pays européens. Un groupe a reçu ce nouveau vaccin qui s’appelle le Tedopi, l’autre groupe a continué les traitements classiques.

Et un an après le début du traitement, le taux de survie était presque deux fois supérieur dans le premier groupe: 44% contre 27%. Et avec moins d’effets secondaires. Personne ne parle d’un traitement miracle mais seulement de "résultats encourageants".

Un labo français

C’est une entreprise française, OSE immuno Therapteutics, qui a publié son étude dans une grande revue internationale de cancérologie. Ce labo est basé à Nantes et est dirigé par une femme, Dominique Constentini.

Elle travaille depuis des années sur l'idée de vaccins contre les cancers. Longtemps, cela semblait irréaliste. Désormais, cela devient au contraire très réaliste.

Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Bientôt un vaccin contre le cancer du poumon ? - 12/09
Expliquez-nous par Nicolas Poincaré : Bientôt un vaccin contre le cancer du poumon ? - 12/09
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D'autres laboratoires sur le front

Ces derniers mois, Moderna a publié les résultats d’un essai contre le cancer de la peau avec une forte réduction du taux de mortalité. Des études sont en cours pour des vaccins contre le cancer des ovaires.

BioNTech a lancé un essai d’un vaccin contre le cancer du pancréas. C’est ce labo allemand, dirigé par un couple de chercheurs turcs, qui avait été le premier à mettre au point un vaccin contre le Covid-19.

La course aux vaccins contre le Covid-19 permet de telles avancées

Et ce n’est pas un hasard, les recherches sur les vaccins ARN contre le Covid-19 sont à l’origine de la plupart des progrès dont on parle. La course au vaccin avec les sommes énormes allouées aux labos pendant trois ans ont permis ces avancées. D’autant que tous les labos qui ont travaillé sur le vaccin contre le Covid travaillaient déjà sur le cancer depuis des années.

Le vaccin présenté lundi par l’entreprise nantaise n’est lui pourtant pas un vaccin ARN, c’est un vaccin classique.

En tout cas, plusieurs spécialistes de cancérologie ont estimé que l’année 2023 restera peut-être comme l’année d’une révolution dans la lutte contre la maladie. Il faut l'espérer parce qu’en attendant, le cancer est une maladie qui progresse. Partout dans le monde et en France aussi: 430.000 cas devraient être diagnostiqués cette année en France. C’est deux fois plus qu’il y a 30 ans.

G.D. avec Nicolas Poincaré