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Santé

De nouveaux médicaments en accès libre? L'idée du secteur pour faire 1 milliard d'euros d'économies

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L'industrie du médicament propose de rendre en libre accès des médicaments du quotidien pour permettre à la Sécurité sociale de faire des économies. Mais les médecins sont méfiants.

On aura peut-être bientôt toute une liste de nouveaux médicaments, en accès libre, sans ordonnance. Cette proposition d'économies pour 2025, qui a été faite ce jeudi par le Leem (Les Entreprises du médicament), le syndicat des grands laboratoires pharmaceutiques privés, consiste concrètement à rendre disponibles, sans prescription médicale, des médicaments du quotidien.

Cette proposition, qui permettrait de faire économiser 1,1 milliard d’euros à l’Etat selon le Leem, concernerait des médicaments comme les antifongiques ou les traitements des rhinites. S'ils sont prescrits sur le modèle du doliprane, ils seraient tout de même remboursés.

À l’approche des arbitrages budgétaires du Projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2025, le secteur a pris les devants pour éviter que leurs taxes ne s’envolent et enrayer les baisses de prix.

La semaine dernière déjà, la fédération des laboratoires spécialistes des produits de santé sans ordonnance (NéreS) avait déjà considéré cette option, estimant que 99 molécules, déjà vendues sans ordonnance dans d'autres pays européens, pourraient l'être en France, notamment des traitements du système respiratoire, nerveux et digestif.

Une proposition risquée pour les patients?

Mais cette idée est considérée avec méfiance par les médecins. L'élargissement de la liste des médicaments en accès libre permettrait de réduire les frais de médecin, suggère l'industrie pharmaceutique, mais ils ne seraient alors plus remboursés, souligne l’économiste de la santé Nathalie Coutinet: “C’est d’une certaine manière une façon de dire qu’on va réduire les dépenses de la Sécurité sociale sur nos médicaments, mais pas réduire nos bénéfices puisqu’on va continuer à vendre des médicaments de la même manière".

"Ce sont les patients qui vont supporter le coût de ces molécules en vente libre”, poursuit-elle.

Economie attendue: 300 millions d'euros annuels, soit 1% des dépenses de médicaments. C'est peu au regard des risques pour le patient, avertit le président de la Confédération des Syndicats de médecins français Franck Devulder: “Quand on est malade, quand on a une symptomatologie, il relève de son médecin d’aller faire un diagnostic et proposer un traitement. Cette piste doit être analysée avec beaucoup de prudence”.

Selon l'agence nationale du médicament, le paracétamol, qui est déjà en vente libre, est responsable de 55 décès sur les trois dernières années, la moitié dans le cadre d'un suicide.

SG avec Victor Joanin