Des députés veulent peser les enfants à l'école: l'obésité infantile, "c'est de la maltraitance"

Pour mieux "mesurer le surpoids et l'obésité", deux députés préconisent une "mesure-pesée en CE2" et plaident aussi pour que les trois heures d'EPS en primaire soient réellement appliquées, selon les conclusions de leur mission présentée mercredi. Ils veulent aussi "généraliser" les tests de capacités physiques au collège, déjà expérimentés dans quelques écoles, et ce alors que des médecins alertent sur la baisse notable de capacité respiratoire des enfants.
"Une idée catastrophique", tacle d'entrée sur RMC l'entrepreneuse Elise Goldfarb. "J'ai eu ça en 5e. Les gros restent gros et les minces restent minces. Si tu n'as pas de solution derrière, c'est nul. Ensuite, il y a plusieurs dangers, comme le harcèlement ou le développement de troubles du comportement alimentaire (TCA)", pointe-t-elle.
La pesée des enfants à l'école, c'est "le temple du harcèlement", met en garde Elise Goldfarb
"C'est la responsabilité des parents, pas les enfants. C'est une mesurette de merde. La solution serait un accompagnement global, forcer les parents à aller chez le médecin avec leurs enfants et les faire faire du sport", poursuit la chroniqueuse d'Estelle Midi.
"Maltraitance infantile"
"Les enfants obèses, c'est de la maltraitance infantile! Mettons la responsabilité sur les parents", estime de son côté Juliette Briens. "Les campagnes de l'État comme 5 fruits et légumes par jour, ça ne marche pas", tranche Daniel Riolo. "Parfois cela vient de la culture. D'où je viens, pendant longtemps, si l'enfant était bien portant, il était rondouillard... Oui, c'est de la maltraitance et ça n'est que de la responsabilité des parents", souligne le journaliste RMC.
Cette mission flash sur l'activité physique et sportive et la prévention de l'obésité en milieu scolaire s'étonne du manque de données récentes sur l'obésité infantile au niveau national, une étude de grande ampleur étant attendue pour 2028. Afin d'améliorer le suivi, Christophe Proença (PS, Lot) et Frédérique Meunier (LR, Corrèze), souhaitent instaurer "une mesure-pesée de tous les élèves de CE2 par un infirmier scolaire".
Un enfant et adolescent sur trois sera obèse d'ici 2050
Au niveau mondial une étude publiée début mars dans la revue The Lancet estime que sans une action forte et immédiate des gouvernements, une épidémie mondiale inédite de surpoids et d'obésité touchera six adultes sur dix et un enfant et adolescent sur trois d'ici 2050, plombant les systèmes de santé. Selon cette étude, qui évoque "l'un des plus grands défis sanitaires du XXIe siècle", l'obésité chez les jeunes devrait bondir de 121% à l'échelle mondiale, avec un total de 360 millions d'enfants et adolescents obèses d'ici 2050. Parmi ses recommandations, elle prescrit entre autres "d'intégrer des infrastructures sportives et des terrains de jeux dans les écoles".
Les deux députés appellent aussi à faire respecter les trois heures d'EPS en école primaire. "Si les trois heures étaient déjà faites, ce serait très bien", a expliqué M. Proença à l'AFP. Sur le collège, il faut "porter le volume horaire à quatre heures pour tous les collégiens" contre 3 heures de la 5e à la 3e. "Il y a aussi un travail à faire avec le corps des médecins pour éviter des dispenses systématiques car il y très peu de pathologies qui demandent que l'on dispense un enfant complètement ", a-t-il ajouté.
Plus de surpoids chez les enfants d'ouvriers que cadres
Quant au dispositif des 30 minutes d'activité physique en primaire, initié par le comité d'organisation des JO de Paris, M. Proença a bien entendu la ministre des Sports récemment dire aux députés qu'un nouveau bilan serait fait prochainement alors qu'un rapport sénatorial avait fait état de seulement "42% des écoles" l'appliquant.
Les deux députés relèvent aussi que "comme pour le niveau d'activité physique, la prévalence du surpoids et de l'obésité est inégalement répartie: le surpoids touche deux fois plus les enfants d'ouvriers que les enfants de cadres, l'obésité trois fois plus".