RMC
Santé

Coronavirus: à la recherche des patients zéro

placeholder video
Dans tous les pays touchés par le coronavirus, les épidémiologistes sont à la recherche du patient zéro, le premier cas. Essentiel pour comprendre comment le virus est arrivé.

Nous sommes dans la période des enquêtes. Avec peu de certitude encore, et avec souvent des soupçons qui se révèlent ensuite être des fausses pistes. Exemple en chine: on a d’abord désigné comme la première malade, une femme de 57 ans, vendeuse de crevettes au marché couvert de Wuhan.

Elle a présenté les premiers signes le 10 décembre dernier. D’autres vendeurs de ce marché ont ensuite été infectés et tous se lavaient les mains dans les mêmes toilettes. C’est donc, à partir de ces toilettes que le virus aurait commencé à se propager.

C’est ce que l’on a d’abord cru, sauf que non. Après avoir désigné cette vendeuse, les chercheurs chinois ont trouvé un cas plus ancien toujours à Wuhan. Un homme de 55 ans, contaminé le 17 novembre. On en est là. Mais il est probable qu’on connaîtra un jour la chaîne complète de la contamination.

Le patient zéro du Sras identifié

Pour le Sras par exemple, en 2003, cette chaîne a été complètement reconstituée. Un vendeur de crevettes de Canton était le patient zéro. Il a contaminé un médecin de 64 ans, le docteur Liu qui s’est rendu à Hong Kong pour un mariage malgré une grosse fièvre. Au neuvième étage de l'hôtel métropole, il attendait l’ascenseur au milieu d’autres clients lorsqu’il a éternué. 12 personnes ont été contaminées dans l'hôtel. Toutes avaient leur chambre au neuvième étage de cet hôtel. Il y avait des touristes canadiens, et un médecin de l'hôpital français de Saigon. Le virus a ensuite fait le tour du monde.

En France, nous sommes toujours à la recherche du patient zéro. Les soupçons se sont d’abord portés sur la base aérienne de Creil dans l’Oise. Des militaires de cette base étaient allés chercher les premiers Français de Wuhan le 31 janvier dernier. Ces Français avaient été déposés à Istres, puis l’avion était retourné à Roissy et les membres de l‘équipage était rentrés chez eux, autour de la base de Creil.

Florence Parly a indiqué le 4 mars, que ces militaires rentrant de chine ont tous été testés négatifs et qu’ils ont été confinés chez eux. Mais une enquête du journal Le Monde publiée ce vendredi affirme que c’est inexact. Ils n’ont pas été testés et pas vraiment confinés. Ils étaient en famille. Leurs enfants continuaient à aller à l’école, leur conjoint au travail. Il n’y a pas eu de cordon sanitaire autour de cet équipage qui rentrait de Wuhan. Et la base n’a pas été fermée, même lorsque l’on a compté 88 cas positifs.

La fausse piste de l'agent secret

Le Monde évoque aussi l'hypothèse d’un agent secret, un espion français en poste en Chine qui aurait profité de ce vol de rapatriement des Français. Il serait resté dans l’avion à Istres puis aurait rejoint la base de Creil pour être interrogé par la direction du renseignement militaire qui s’y trouve. Mais cette piste s’est aussi dégonflée: les enquêteurs de l’institut Pasteur et de Santé Publique France ont fait savoir jeudi qu’ils pensaient avoir identifié un premier cas français qui remonte à la première quinzaine de janvier. C’est à dire avant le vol de rapatriement de Wuhan. Cet homme pourrait être le patient zéro. Il vit dans l'Oise, n’a pas de lien avec la base aérienne de Creil, mais des liens avec la Chine. On n’en sait pas plus. 

D’autres pays ont trouvé leur patient zéro: l’Allemagne sait que c’est un homme de 33 ans, en Bavière. Son entreprise a accueilli en stage une Chinoise qui était malade. Cet homme a été contaminé entre le 19 et le 22 janvier. C'était officiellement à ce moment-là le premier cas en Europe. Les Anglais considèrent que leur patient zéro est un informaticien du Sussex âgé de 50 ans qui revenait d’un séjour au ski en Autriche.

Les Anglais se posent une autre question: qui a contaminé leur Premier ministre Boris Johnson? La presse tabloïd accuse Michel Barnier, qui effectivement a eu le coronavirus. Et ce serait tout de même un symbole incroyable que le Premier ministre du Brexit ait été infecté par un Français, pro-européen négociateur du Brexit.

Une autre hypothèse, c’est que le Prince Albert de Monaco ait contaminé le Prince Charles qui a effectivement rencontré Boris Johnson. Les dates correspondent. Mieux que pour Michel Barnier. Mais on ne saura jamais la vérité, parce que cela n’a aucune importance, contrairement au cas zéro, qu’il faut identifier.

Nicolas Poincaré