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Coronavirus: "J’étais à Mulhouse alors que j’avais l’impression d’être un peu à l’étranger", raconte ce médecin

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À Mulhouse, dans l’une des villes les plus sinistrées par l’épidémie de coronavirus, des soignants sont venus des quatre coins de la France. Au plus fort de la crise, ils sont venus prêter main forte aux équipes sur place dans des conditions "exceptionnelles".

Le docteur Dominique Petit, réanimateur, a monté avec sa femme un service dédié au réveil de patients qui sont parfois restés en réanimation pendant plus d’un mois. Si elle est restée à Cagnes-sur-Mer, lui est allé à Mulhouse pour aider le personnel sur place. À eux deux, ils ont recruté environ 80 soignants de la région niçoise.

"J’étais à Mulhouse en France alors que j’avais l’impression d’être un peu à l’étranger avec des conditions exceptionnelles de travail, témoigne-t-il. On était installés dans un service d’ophtalmo et de chirurgie plastique qui n’était pas adapté à la réanimation. Tout se faisait avec les moyens du bord puisqu’on avait des respirateurs qui n’étaient pas sophistiqués".

"L’image que je donnerais maintenant, c’est le feu qui couve sous la cendre"

Au cœur de la crise, quelques petits moments venaient égayer la journée du personnel hospitalier.

"Il y avait une femme de 30 ans qui était hospitalisé, raconte Dominique Petit. Le jour de son anniversaire, on a pu boucher le trou de la trachéotomie avec un pansement. De ce fait, elle a pu réussir à souffler ses bougies d’anniversaire. C’était extraordinaire, tout le monde pleurait. Moi aussi, je pleurais".

Si aujourd'hui, ce docteur est retourné auprès de sa femme, il n'en oublie pas pour autant ses collègues restés à Mulhouse. Il se montre même encore très prudent sur la suite des événements et rappelle que le virus n'a pas disparu malgré le déconfinement.

"Ils en ont encore pour deux ou trois mois pour absorber la première vague, explique-t-il. L’image du départ, c’était les conséquences d’un raz-de-marée, l’image que je donnerais maintenant, c’est le feu qui couve sous la cendre".

Romain Cluzel et Caroline Philippe (avec Maxime Trouleau)