Covid-19: comment le gouvernement planche sur la sortie de l'état d'urgence sanitaire

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Le "monde d'après"? Le gouvernement travaille sur un processus de sortie de l'état d'urgence sanitaire: un projet de loi en ce sens est attendu le 28 avril en Conseil des ministres et autour du 10 mai à l'Assemblée nationale.
En février, le Parlement avait voté sans enthousiasme la prorogation de l'état d'urgence jusqu'au 1er juin, sous le feu des critiques de l'opposition. Le gouvernement veut préparer en amont la sortie de ce régime d'exception créé en mars 2020 face à la pandémie du Covid-19 et qui permet des mesures comme le couvre-feu.
Selon des sources parlementaires, l'exécutif travaillerait donc à un texte visant à mettre fin au confinement et au couvre-feu, tout en permettant des mesures de précaution, comme le port du masque dans certaines circonstances, des tests obligatoires pour le franchissement des frontières, ou une jauge maximale dans les établissements recevant du public.
Pourtant, les chiffres restent mauvais: plus de 30.000 malades hospitalisés d'un côté, bientôt 10 millions de premières injections de vaccins de l'autre: la course pour tenter de maîtriser l'épidémie de Covid-19 se poursuit, mais les Français ne savent toujours pas quand ils retrouveront une vie normale. Les indicateurs de l'épidémie ne cessent d'augmenter, ce qui n'était plus arrivé depuis fin novembre, pendant la deuxième vague.
En parallèle, la vaccination progresse, à un rythme encore insuffisant mais qui est appelé à s'accélérer. Pour l'instant, 3,4 millions de personnes ont été vaccinées (deux doses) et 6,4 millions ont reçu uniquement leur première injection. L'accélération attendue commence à se voir dans les chiffres: 1,8 million d'injections ont été réalisées pendant les sept premiers jours d'avril, sur un total de 13,2 millions depuis le 27 décembre. Environ 97.700 personnes sont mortes du Covid depuis le début de l'épidémie, il y a plus d'un an.
Le gouvernement compte sur davantage d'approvisionnements ce mois-ci, avec plus de 12 millions de doses attendues, et vient d'ouvrir de grands centres de vaccination, dont le Stade de France.
Selon des modélisations de l'Institut Pasteur, il faudrait que 90% des adultes soient vaccinés en France d'ici le 1er septembre pour espérer un retour à une vie normale, sans mesure de contrôle (ou 59% dans l'hypothèse plus optimiste où la contagiosité du variant anglais serait moindre que redouté). Or, selon la dernière enquête de Santé publique France fin mars, les intentions de vaccination étaient au mieux de 79%, pour les plus de 65 ans, tombant à 36% pour les 18-24 ans.
Aux yeux du député LREM Sacha Houlié, co-auteur d'un rapport pour renforcer les garde-fous face à l'état d'urgence, ce projet de loi de sortie est "cohérent" avec les objectifs de vaccination du gouvernement et représente un "bon signe de détente". Selon lui, le texte devrait "ressembler" à celui adopté en juillet dernier, avec des mesures transitoires à disposition du gouvernement: de possibles restrictions sur la circulation des personnes, l'accueil du public dans certains établissements ou les rassemblements.
Outre l'opposition, plusieurs députés de la majorité s'étaient inquiétés ces dernières semaines des prorogations successives de l'état d'urgence, en vigueur du 23 mars au 10 juillet 2020, puis réinstauré le 17 octobre.
Le Parlement l'avait prorogé une première fois jusqu'au 16 février, puis une seconde jusqu'au 1er juin, face respectivement à la deuxième et la troisième vague de l'épidémie.