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Débat sur la PMA: "Avant de revendiquer le droit à un papa et une maman, il faudrait revendiquer d’avoir des parents qui vous aiment"

TEMOIGNAGE RMC - Le projet de loi de bioéthique et l’ouverture de la PMA à toutes les femmes sera de retour en nouvelle lecture ce 7 juin devant l’Assemblée nationale. Gwendoline raconte son expérience sur RMC.

Le projet de loi bioéthique, revient une nouvelle fois à l'Assemblée nationale, pour sa troisième lecture. "Nous y sommes enfin", salue Olivier Véran: des couples de femmes pourront "s'inscrire dans des parcours PMA dès la rentrée", a-t-il promis lundi. Le Parlement doit adopter définitivement le texte en juillet et "les textes d'application de la loi doivent être préparés dès à présent" afin "que des premiers enfants puissent être conçus avant la fin de l'année 2021", a garanti le ministre de la Santé, au coup d'envoi des échanges sur le texte qui doit ouvrir également la procréation médicalement assistée aux femmes seules.

Promise par Emmanuel Macron, la première et probablement seule grande réforme de société du quinquennat a pris du retard en raison de la crise du Covid-19. Le soutien de l'opinion à l'ouverture de la PMA augmente au fil des années: 67% des Français y sont désormais favorables, selon un sondage Ifop pour l'association des familles homoparentales. 

Depuis septembre 2019, députés et sénateurs, ne parviennent pas à se mettre d’accord sur l'une des mesures phare: l'ouverture de la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples lesbiens et aux femmes célibataires. Les chambres ont débattu du texte deux fois chacune. Le gouvernement lui, souhaite voir la loi promulguée en juillet.

"Pas moins équilibrés que les autres"

Car pour l'instant, les couples lesbiens et les femmes seules vont faire des PMA en Espagne, ou la pratique est autorisée. C'est ce qui est arrivé à Gwendoline.

Fin 2016, elle a 40 ans, est déjà maman d'un petit garçon issu d'une précédente union, et souhaite avoir un nouvel enfant, mais se heurte à la loi: "Je suis célibataire et lesbienne mais je n’ai pas de problème de procréation médicalement parlant aux yeux de la loi".

Elle prend donc la route de l'Espagne: "Vous préparez tous vos examens au préalable sur le sol français et toutes les démarches ont lieu en Espagne et vous repartez avec votre petit cadeau au chaud", raconte-t-elle à RMC. Ce petit cadeau, c'est Adèle née en février 2018.

Pour Gwendoline, légaliser la PMA aux couples lesbiens et aux femmes célibataires tombe sous le sens: "Avant de revendiquer le droit à un papa et une maman, il faudrait revendiquer d’avoir des parents qui vous aiment. Parce que nos enfants ne sont pas moins équilibrés que les autres".

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Urgence contre mauvais timing

Une réforme urgente et nécessaire d'autant qu'il s'agit là d'une promesse de campagne d'Emmanuel Macron, rappelle Anne--Sophie Duperray, représentante de l'association Mam'ensolo:

"Cela fait trois ans et demi que les associations se battent. Il est temps de voter. Il y a des mamans qui attendent depuis des années de faire ça en France et qui à cause de ces retards risquent de ne pas avoir d’enfants car il y a une horloge biologique qui tourne".

La loi concernerait "quelques centaines de personnes, mais pas des masses des gens", précise François Olivennes, gynécologue obstétricien citant les associations spécialisées assurant qu'il n'y a pas d'autres véritables études.

Mais certains parlementaires, notamment Patrick Hetzel député LR du Bas-Rhin trouvent justement que le moment est mal choisi:

"Nous sommes encore en train de sortir de la pandémie. Par ailleurs le gouvernement souhaite que le texte soit débattu à partir du 24 juin. Tout cela sont des délais extrêmement courts. Ce n'est pas conciliable avec un texte de bioéthique qui devrait se faire avec un certain recul et une certaine sérénité".

Les premiers débats doivent pourtant s'ouvrir à partir de 16h ce lundi à l'Assemblée et doivent se poursuivre jusqu'à vendredi.

Martin Bourdin et Alfred Aurenche avec Guillaume Dussourt