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La loi française m’empêche de réaliser mon projet de vie: la lassitude des femmes en attente de la PMA pour toutes

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TEMOIGNAGES RMC - Le projet de loi bioéthique, avec la mesure phare de la PMA pour toutes, arrive en seconde lecture au Sénat mardi. Il inclut cette fois l’ouverture de la PMA aux couples de lesbiennes et aux femmes célibataires.

Cette deuxième lecture intervient un an après la première, à cause de la crise du Covid. Il y a un an, les débats avaient été animés et nourris pendant deux semaines. Cette fois, l'examen du texte va durer trois jours. La PMA existe déjà dans le droit français mais n'est pour l'instant pas permise aux femmes seules et aux couples de femmes.

Pour les femmes célibataires qui veulent entamer une Procréation Médicalement Assistée en France, l'attente est interminable.

Faute de temps, certaines, comme Julie, préfèrent, se rendre à l'étranger. "Avoir un enfant a toujours fait partie de mon projet de vie", confie-t-elle à RMC. Mais il y a un an, Julie, Parisienne de 36 ans, découvre qu'il ne lui reste plus beaucoup d'ovocytes.

"Il s’avère que je n’ai pas rencontré quelqu’un avec qui je projetai de faire un enfant. J’y ai réfléchi et c’est là que je me suis rendue compte que la loi française m’empêchait de réaliser mon projet", poursuit-elle.

Une démarche onéreuse: 1.200 euros pour un essai

Il lui reste la solution de la PMA à l'étranger. Julie lance alors le processus en Espagne.

"J’ai choisi ma clinique, j’ai un lien avec la médecin là-bas. Sauf qu’il y a eu le Covid et que j’ai tout mis en pause", développe Julie. La démarche est onéreuse: 1.200 euros pour un essai, sans compter le poids de la clandestinité sur ses épaules.

"Il va falloir que j’aille dans une autre pharmacie, où on ne me connait pas, pour ne pas avoir de questions. Ça me met dans une situation qui n’est pas du tout confortable, mais en même temps, je crois en mon projet et je crois qu’il est juste", expose-t-elle.

Une promesse de campagne d'Emmanuel Macron

La lassitude gagne aussi les patientes de Michaël Grynberg, chef du service de médecine de la reproduction à l'hôpital Jean Verdier à Bondy, en Seine-Saint-Denis.

"Bien sûr qu’il y a des problèmes sanitaires en ce moment, mais on a l’impression que ça aurait pu être réglé bien avant cela. Il ne faut pas se leurrer: dès l’élection, quand on sait que c’est une promesse de campagne, on se dit que ça va passer vite. Et malheureusement, ce n’est toujours pas fini. C’est en deuxième lecture au Sénat, derrière il va y avoir une commission mixte paritaire, une dernière lecture à l’Assemblée et il faudra ensuite attendre les décrets d’application qui peuvent être plus ou moins longs", s’impatiente Michaël Grynberg.

Selon lui, ces décrets ne seront pas publiés avant 2022. Le ministre de la Santé Olivier Véran a déclaré le 13 janvier qu’il visait son adoption définitive "avant l’été" et des premiers parcours en PMA de couples de femmes ou femmes célibataires "à la fin de l’année 2021".

Du côté des opposants au projet de loi, un rassemblement est prévu mardi en début d'après-midi devant le Palais du Luxembourg à l'appel du collectif "Marchons Enfants!". Dimanche dernier, près de 1.000 personnes avaient déjà manifesté.

Selon La Croix, au moins 2.400 femmes lesbiennes ou célibataires se rendent chaque année en Belgique et en Espagne pour recourir à une PMA (chiffres de janvier 2020).

Caroline Philippe