"Des charlatans": coup de gueule de Jérôme Marty contre les médecines douces dans les déserts médicaux

Les déserts médicaux sont-ils le nouvel eldorado pour les médecines douces, à l'instar de l'acupuncture, la sophrologie, la naturopathie ou même encore l'ostéopathie?
Dans le département de l'Eure, le pôle santé d'Amfreville-Saint-Amand, "bâtiment spacieux et moderne" construit en 2021, comme le rapporte Actu.fr, n'accueille aucun praticien de médecine conventionnelle. Mais bien ceux qui s'adonnent à des "pratiques de soins non conventionnelles" (PSNC), selon la classification du ministère de la Santé.
"Les mutuelles font grise mine pour rembourser les honoraires complémentaires des médecins"
"Ce sont des charlatans", peste le Dr Jérôme Marty au micro des Grandes Gueules. "Elles n'ont rien de médecine, elles sont spécialisées dans le bien-être et les mutuelles font grise mine quand il s'agit de rembourser des honoraires complémentaires des médecines alors qu'elles vont rembourser 70 euros pour un ostéo ou un naturopathe", poursuit-il.
"Certaines de ces pratiques non conventionnelles ont certainement une efficacité sur certains symptômes, mais celle-ci est insuffisamment ou non démontrée. D’autres, enfin, peuvent avoir des effets nocifs pour la santé et doivent donc être systématiquement proscrites", explique le ministère de la Santé.
Dans la Creuse, au sein du nouveau centre thermal "intégratif" d’Évaux-les-Bains, un médecin anesthésiste, "qui prétend parler aux morts" était pressenti pour en prendre la direction, avant d’y faire notamment intervenir des praticiens "bien-être", raconte de son côté Le Parisien. Mis sous pression, le maire de la commune renonce finalement au projet. On peut y lire aussi que dans l'Aisne, certains habitants seraient réceptifs à "une sorte d‘appel à la nature en opposition à la Big Pharma et à l’industrie chimique".
"Les effets indésirables des PSNC sont mals, voire non connus, car il n’y a pas eu d’évaluation rigoureuse préalable à leur emploi, et peu ou pas de données publiées. De plus, les professionnels qui utilisent ces PSNC ne déclarent pas ces effets indésirables", rappelle le ministère de la Santé
Un sondage publié en mars dernier, réalisé par OpinionWay pour Universcience, alertait sur le fait que plus de la moitié des sondés (55%) déclarent faire confiance "aux professionnels de la médecine douce et alternative", fréquents relais de désinformation. Et ce même si la grande majorité des sondés (79%) déclarent faire confiance en priorité aux médecins et diététiciens ou aux organismes comme Santé publique France (71%).
Un milliard d'euros remboursé par les mutuelles en 2022
Le 6 mai dernier, c'est le collectif de soignants No FakeMed qui s'est insurgé contre les remboursements par des complémentaires santé de "pseudothérapies", dont l'ostéopathie, suscitant l'irritation mardi de certains professionnels. En 2022, les mutuelles ont remboursé un milliard d’euros pour les prestations de médecine douce, soit huit fois plus qu’en 2014.
Selon le rapport sénatorial sur les complémentaires santé et mutuelle, le coût de ces pratiques a été multiplié par cinq au cours des huit dernières années, pour atteindre presque 1 milliard d’euros en 2023.
Dans leur viseur du collectif de soignants No FakeMed, la signature d'un contrat entre l'Education nationale avec la MGEN et CNP assurance, qui permet la prise en charge pour ses fonctionnaires de pratiques de soins non-conventionnelles comme l'homéopathie, l'ostéopathie, l'acupuncture ou la naturopathie, expliquait l'AFP.
Le sport ou la psychologie rarement pris en charge
Et ce dans un contexte où "des thérapies éprouvées" - comme la psychologie, le sport sur ordonnance ou la diététique - sont, elles, "rarement prises en charge par les mutuelles", note le collectif.
À noter par ailleurs que Sénat et gouvernement se sont accordés mardi pour faire adopter deux dispositifs "complémentaires" sur l'accès aux soins, le premier pour encadrer l'installation des médecins, le second pour organiser leur "solidarité" envers les déserts médicaux, mesure phare du "pacte" proposé par François Bayrou.