Déserts médicaux: la proposition de loi "n'est pas idéale, mais il faut arrêter avec les demi-mesures"

1.500 élus locaux appellent les députés français à voter pour réguler l'installation des médecins, dans un texte publié, dimanche, dans La Tribune Dimanche. Cette proposition de loi contre les déserts médicaux du député socialiste Guillaume Garot, sera débattue à nouveau, mardi, à l'Assemblée nationale.
Soutenue par un groupe transpartisan (de LR à LFI) de plus de 250 députés, elle est cependant loin de faire l'unanimité chez les médecins. Plusieurs milliers d'entre eux ont manifesté mardi dernier en France pour s'y opposer.
Des maires sans solution
Mais dans certains territoires, la situation devient vraiment critique. Dans la commune de Labarthe-Inard, en Haute-Garonne, cela fait 7 ans que les habitants n'ont pas de médecin généraliste à proximité. "Si il y en a un qui vient s'installer, il sera vite surbooké je vous le garantis", prévient Jacques Albenque, le maire du village d'à peine 1.000 vies.
"On s'est débrouillé pour trouver un local, trouver un logement. Chose qu'on a fait puisqu'on a acheté l'ancienne poste", explique-t-il.
Mais ces mesures d’encouragement n’ont pas suffi. "On a baissé les bras, on ne cherche plus de toubib qui veuille venir s'installer sur la commune", se désole le maire, qui espère une loi pour empêcher les médecins de s’installer dans les endroits où ils sont déjà assez nombreux.
La proposition de loi transpartisane qui va de nouveau être débattue à l'Assemblée est "une des solutions parmi tant d'autres qu'on n'a pas encore essayées", estime sur RMC Florian Bercault, le maire DVD de Laval, en Mayenne. Ce dernier pense qu'il "est temps de tenter autre chose".
Limiter l'installation dans certaines zones
Parmi les propositions, il y a la limitation de "l'installation" de nouveaux médecins "dans les 13% des territoires français où il y a déjà suffisamment de médecins", met en avant l'élu au micro d'Apolline Matin. Mais il nuance: "Ça n'interdit pas puisque quand un médecin part à la retraite, dans ces zones dites suffisamment dotée, il pourra être remplacé."
"Ce n'est pas idéal mais il faut arrêter avec les demi-mesures", insiste Stéphane Troussel, président du département de Seine-Saint-Denis, signataire de l'appel aux députés. "Il faut maintenant faire beaucoup plus pour s'installer dans les zones où il y a des populations précaires, fragiles. Si on croit à l'égalité dans ce pays, des citoyens comme des territoires, il faut une forme de régulation, qui a été insuffisante jusqu'à présent", argumente-t-il.
Le maire de Laval Florian Bercault "compte sur la lucidité" des députés pour voter la loi, insistant sur la situation à laquelle sont confrontés les maires "submergés de demandes".
"Tous les maires et élus locaux sentent l'angoisse des Français. 6 millions de Français sans médecin traitant, à Laval c'est un habitant sur 5 sans médecin traitant. L'exercice médical n'est pas satisfaisant pour le patient, mais aussi pour le médecin, fatigué", souligne Florian Bercault.
L'article 1, sur le principe de régulation d'installation, a déjà été adopté par les députés début avril. Ces derniers vont examiner le reste de la proposition de loi à partir de mardi.