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Dès le 1er janvier 2025, les dentistes ne seront plus libres de s'installer où ils veulent

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Pour lutter contre les déserts médicaux, les chirurgiens-dentistes ne pourront plus s'installer comme ils le souhaitent à partir du 1er janvier. L'Assurance-maladie va mettre en place un malus pour toute implantation dans une zone bien dotée et un bonus pour s'installer dans une zone en manque de praticien. Une bonne nouvelle pour une majorité de la profession sauf pour les futurs dentistes.

C'est une mesure qui doit permettre de lutter contre les déserts médicaux. À partir du 1er janvier 2025, des règles vont contraindre l'installation des chirurgiens-dentistes avec des malus pour toute nouvelle implantation dans des zones bien fournies.

Pour mieux couvrir le territoire, l'Assurance maladie pénalisera les dentistes qui s'installent dans les régions où il y en a déjà trop comme Strasbourg ou Marseille, en ne prenant pas en charge le remboursement de leurs patients. A contrario, elle versera des primes de 50.000€ pour ceux qui s'installent dans un désert médical pour au moins 5 ans, le double de ce qui est versé actuellement.

1 dentiste pour 3.000 personnes

Des nouvelles règles très attendues par les patients des déserts médicaux comme à Porcheville dans les Yvelines où une seule dentiste exerce actuellement pour 3.000 habitants. Car Porcheville est en zone rouge, dite "très sous dotée" en chirurgien-dentiste, comme 65% des communes du pays. Et c'est pareil dans toutes les villes alentours: "Les délais pour les rendez-vous c'est environ deux mois", déplore au micro de RMC Philippe, un habitant de la ville. "Ce n'est pas normal de ne pas pouvoir se faire soigner, on est obligé d'aller aux urgences", peste Christophe.

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La décision de l'Assurance-maladie est bien accueillie par les deux syndicats majoritaires et défendue par l'ordre des chirurgiens-dentistes: "C'est du bon-sens, il est normal que la profession fasse un effort pour s'installer", assure Alain Durand, le président de l'ordre.

Les médecins bientôt soumis aux mêmes conditions?

"C'est une mesure importante qui va améliorer le sort de nos concitoyens", abonde sur RMC Story Laure Artru, co-présidente de l'Association des citoyens contre les déserts médicaux et également médecin. "Les régions sous-dotées perdent tous les jours des praticiens alors que d'autres en gagnent", ajoute-t-elle appelant les médecins à s'inspirer de cet accord.

"Toutes les professions le fond en accord avec leur ordre, il n'y a que les médecins qui ne le font pas et il serait bien qu'ils prennent les devants. À quoi cela sert de former des médecins s'ils installent toujours au même endroit?", s'interroge Laure Artru.

"On s'engage dans des études libérales pour choisir le lieu où l'on va s'installer"

La mesure en revanche, ne passe pas chez les étudiants futurs dentistes. Ils dénoncent une atteinte au principe sacré de la liberté d'installation: "Pour nous c'est s'engager contre un terrain glissant, on est contre des mesures coercitives", assure Ralitsa Androlova, présidente de l'Union nationale des étudiants en chirurgie dentaire. "On s'engage dans des études libérales pour choisir le lieu où l'on va s'installer".

L’installation sera pénalisée dans les 77 communes sur-dotées comme Anglet, Neuilly sur Seine ou les beaux quartiers de Paris et Lyon. A contrario, 65% des communes (soit 22.617), souvent en milieu rural, sont "très sous-dotées" en chirurgiens-dentistes selon Cartosanté. La liste doit être revue tous les 2 ans.

Nicolas Traino avec Guillaume Dussourt