"Le bon traitement, pas forcément le médicament": une campagne pour contrer nos mauvaises habitudes

"Le bon traitement, c'est pas forcément le médicament". Voilà le slogan de la nouvelle campagne de l'Assurance maladie qui appelle à la "sobriété" pour éviter la surconsommation de médicaments. Car la France est une championne en la matière: le pays est dans le top 3 des plus gros consommateurs en Europe, avec l'Allemagne et l'Espagne.
Une mauvaise habitude qui coûte cher: plus de 25,5 milliards d'euros de médicaments ont été remboursés en 2023, soit 12% du budget de la Sécurité sociale, un chiffre qui augmente chaque année.
En moyenne, 41 boîtes de médicaments par assuré sont remboursés par an, avec des disparités selon les âges, pour un remboursement moyen par patient de 410 euros par an.
Quels sont les médicaments les plus prescrits et consommés?
Sans surprise, le Doliprane est sur la première marche du podium avec plus de 308 millions de boîtes délivrées par an. Chaque seconde, c'est 10 boîtes qui sont remboursées. A environ 2 euros la boîte, le Doliprane ne représente que 1% des 25,5 milliards d’euros de médicaments remboursés.
C'est loin devant le Dafalgan et ses 70 millions de boîtes. Tous deux sont des anti-douleurs: cette catégorie représente à elle seule près de 700 millions d'euros de dépenses. C'est même sept assurés sur dix qui ont été remboursés d'un anti-douleur en 2023. C’est le Levothyrox, un médicament qui traite les problèmes de thyroïde, qui complète le podium.
Les médicaments qui coûtent le plus cher, ce sont les médicaments innovants qui traitent d'affections graves ou longue durée prises en charge à 100%. En tête de liste, Eliquis, un anticoagulant dont le remboursement a atteint 755 millions d'euros. Mais il concerne de nombreux patients et n'a représenté que 477 euros par patient. Tandis que le deuxième, Vyndaqel, qui traite l'amylose cardiaque, revient à plus de 66.000 euros par patient.
Un Français sur deux s'attend à une prescription
Avec ces chiffres, l'Assurance maladie veut alerter, alors qu'un Français sur deux attend une prescription de médicaments après une consultation. La Sécu demande ainsi à chacun de ne pas l'exiger systématiquement. Un nouveau moyen de réduire les dépenses, dans un contexte budgétaire tendu.
Selon l'éditorialiste économique Emmanuel Lechypre, la première priorité serait de "moins rembourser des médicaments coûteux qui n’apportent rien". Près d'un tiers des montants remboursés s'appliquent à des médicaments pour lesquels la Haute autorité de Santé (HAS) n'a conclu qu'à une "amélioration du service médical rendu" faible ou inexistante.