Ehpad: en Alsace, les tarifs vont être différenciés selon les revenus des résidents

Fin du tarif unique dans les Ehpad publics d'Alsace. La Collectivité européenne d'Alsace (CEA) a décidé d'autoriser les Ehpad non-lucratifs à fixer, pour une même prestation d'hébergement, des tarifs différenciés aux résidents en fonction de leurs moyens financiers.
Actuellement, tout le monde paye pareil dans chaque établissement. Dès que les conventions seront signées, ce sera un tarif libre. Mais la mesure fait débat dans la profession. Pourtant, tous les gestionnaires sont d'accord sur ce constat: l'inflation fait des ravages. 2.000 euros par mois demandés en moyenne au résident dans le public, ce n'est plus suffisant.
Annabelle Veque(s), la directrice générale d'une fédération de directeurs d'établissements pour personnes âgées, soutient à contrecœur ce tarif différencié.
“C’est une question de survie financière parce qu’effectivement, on a 85% de nos adhérents qui envisagent d’ici la fin de l’année 2023 un déficit. C’est-à-dire qu’à moyen terme, c’est le modèle même de l’accompagnement des Ehpad qui est en cause”, indique-t-elle.
Un risque de tomber dans une logique de profit
La hausse des tarifs concernera uniquement les nouveaux résidents, et les plus modestes seront épargnés. Les tarifs seront fixés librement par chaque direction. Des directeurs comme Jean Caramazana, à la tête de 13 Ehpad alsaciens, sont contre cette mesure.
Il veut que les tarifs continuent d'être fixés par le département pour ne pas ouvrir la voie à logique de profit dans le public.
“Je n'adhère pas du tout. Une association comme l’Abrapa ne souhaite pas être dans le champ commercial, c’est ça que veulent les pouvoirs publics. Je m’interroge”, assure-t-il.
Des tarifs plus élevés seulement pour les résidents plus aisés ne lui permettront pas de résorber son déficit, contrairement à une légère hausse pour tous.