"Elles doivent payer!": le coup de gueule de Jérôme Marty contre les mutuelles de santé

La Cour des comptes alerte sur risque de crise financière à la Sécurité sociale. La trajectoire financière "hors de contrôle", "conduit à un risque de plus en plus sérieux de crise de liquidité", qui pourrait "se matérialiser dès 2027".
"La taille du marché des capitaux à court terme" auquel a recours l'agence de financement de la Sécurité sociale, "pourrait ne pas être suffisante" pour absorber le montant d'emprunt dont elle aura besoin, écrit la Cour dans son rapport annuel sur l'application de la loi de financement de la Sécurité sociale.
"Cela fait 30 ans qu'on entend parler de ce déficit et qu'on fait une erreur majeure, en basant les cotisations sociales sur le travail", peste le docteur Jérôme Marty. "Et ça fait 30 ans que le chômage baisse mais que ce déficit augmente alors qu'il devrait baisser. On nous ment sur les chiffres du chômage et de la réalité. On ne fait rien pour jouer sur le financement de l'assurance-maladie", alerte le praticien sur le plateau des Grandes Gueules.
Le médecin veut "taxer le produit fini plutôt que le travail". Mais en attendant, "on continue de s'enfoncer de plus en plus".
Les mutuelles "doivent beaucoup plus payer"
Pour tenter d'inverser la tendance, Jérôme Marty veut aussi mettre à contribution les complémentaires santé, les fameuses mutuelles: "Elles doivent beaucoup plus payer, voir leur rôle s'agrandir et cesser de tout faire pour moins payer", appelle-t-il sur RMC et RMC Story.
"Lundi, Philippe Juvin (député LR et médecin urgentiste, ndlr) parlait du rôle des mutuelles en termes de lobbying pour faire voter la loi de fin de vie. Et bien il y a un conflit d'intérêt majeur pour ces mutuelles en faisant de l'économie sur la durée de la vie et c'est dangereux", accuse-t-il.
"Ces gens-là doivent payer et rendre l'argent qu'on leur a donné. Les mutuelles c'est 40 milliards de chiffre d'affaires, 8 milliards de frais de gestion. Tous les Français ont une mutuelle (seuls 4% n'en n'ont pas), il faut qu'elles jouent un rôle", insiste Jérôme Marty. "Il y a des abus mais on a laissé les technocrates prendre la main sur l'assurance-maladie et on le paie lourdement".
Jusqu'en 2024, la nouvelle dette créée par le déficit de la Sécurité sociale pouvait être prise en charge par la Cades (caisse d'amortissement de la dette sociale), qui a la possibilité d'emprunter à moyen et long terme, dans des conditions plus favorables qu'à court terme.
Mais depuis 2024, la Cades est arrivée au maximum de la dette qu'elle peut prendre en charge, et les déséquilibres actuels entre recettes et dépenses doivent être comblés par l'Acoss, l'agence de trésorerie de la Sécurité sociale, qui ne peut qu'emprunter à court terme.
Vers un déficit à 22 milliards en 2025
Le déficit de la Sécurité sociale s'est creusé à 15,3 milliards d'euros en 2024, soit 4,8 milliards d'euros de plus que la prévision initiale, et que la prévision pour 2025 prévoit un nouveau creusement à 22,1 milliards d'euros.
Pour éviter la catastrophe, les Sages de la Cour des comptes recommandent de mieux contrôler les retraités établis à l'étranger ou réformer le cumul emploi/retraite.