RMC
Santé

Faut-il interdire aux mineurs de fumer pour avoir une "génération sans tabac"?

placeholder video
Discutée par la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, mardi dans les Grandes Gueules, l'interdiction de fumer avant 18 ans a pour objectif de réduire le tabagisme chez les jeunes, et indirectement chez les adultes. Les associations ont plaidé en faveur d'une telle mesure.

Se dirige-t-on vers une "génération sans tabac"? C'est l'objectif affiché par la ministre de la Santé, Catherine Vautrin, mardi sur le plateau des Grandes Gueules sur RMC. La membre du gouvernement a notamment échangé au sujet de différentes mesures potentiellement envisageables. Notamment celle d'interdire de fumer à toutes les personnes âgées de moins de 18 ans.

"Mettre des interdictions, je pense que ça poussera encore plus au contraire les jeunes à fumer parce que du coup ce sera peut-être un challenge", estime Laura, 16 ans, qui fume depuis le collège. Cette mesure n'aurait rien de dissuasif.

Des problèmes de santé et des soucis financiers

Romain, lui, pense tout le contraire. À 17 ans, il ne fume que depuis quelques mois, pourtant il en est déjà à un paquet par jour. Une situation qu'il regrette, alors arrêter grâce à la loi, il n'est pas contre: "C'est une bonne chose, ça devrait être totalement interdit". Le lycéen met en avant les problèmes multiples que peut provoquer l'addiction au tabac:

"Les paquets deviennent de plus en plus cher. Ça peut avoir un impact sur la santé, mais aussi économiquement parlant."

Depuis le 1er janvier 2025, les paquets de cigarettes vendus en France ont en effet subi une hausse de taxe qui a porté leur prix moyen à 12,50 euros. Il devrait atteindre les 13 euros d’ici à 2027. Un tarif qui peut, lorsqu'un jeune est addict, mettre des fumeurs encore mineurs dans des situations financières compliquées.

Le 3216 RMC du 19 février - 6h37
Le 3216 RMC du 19 février - 6h37
3:07

Le cerveau des jeunes plus vulnérable

Éviter le tabagisme chez les mineurs est également un enjeu de santé publique, d'après Bernard Basset. Bien que cette mesure soit "compliquée à mettre en oeuvre", selon le président d'Addictions France, elle est nécessaire: "Le cerveau n'arrive à maturation qu'à l'âge de 25 ans, et avant 25 ans, il est susceptible d'être beaucoup plus sensible aux drogues qu'elles soient légales ou illégales et de favoriser ainsi une addiction. Mettre des obstacles à la consommation de tabac par les jeunes est une mesure logique"

D'autres Français pensent qu'il faudrait agir sur les points de vente. "J'irai même plus loin, interdire aux tabacs de vendre des bonbons. Il faudrait carrément interdire l'accès des jeunes à la vente de cigarettes", propose Oliver qui fume depuis 40 ans. Il est convaincu qu'il n'aurait peut-être pas commencé si les cigarettes n'étaient pas aussi accessibles. Fred, dont la fille de 16 ans fume, pense qu'il faudrait "séparer les cigarettes du rayon bonbons" dans les tabacs.

Même si les données montrent une baisse du tabagisme chez les mineurs, en 2022, encore près de la moitié des jeunes de 17 ans avait déjà expérimenté le tabac (46,5%).

Matthias Luguin (avec TRC)