Fin de vie: Loïc Résibois, militant pour le "suicide assisté", a fait de sa mort un acte militant

Loïc Résibois militait pour une loi sur la fin de vie, pour choisir sa mort. La maladie de Charcot l’a emporté mardi. "J’aurais préféré une fin plus rapide mais j’ai choisi, notamment par militantisme, de mourir en France, dans l’endroit qui m’est le plus cher, l’île de Ré". C’est le testament de Loïc Résibois sur Instagram, mardi. "J’espère qu’un jour, les malades condamnés pourront choisir, quand, comment et où mourir…"
C’était un message d’espoir, qui accompagnait la photo d’une luciole dans l’herbe. Message alors que mardi, Loïc Résibois a reçu une sédation profonde et continue, avant de s’éteindre. Est-ce qu’on reçoit une "sédation profonde" ou est-ce qu’on la "subit", quand comme lui on a milité pour choisir sa mort ? La sédation profonde et continue, c’est tout ce que la loi lui a permis.
"Emmanuel Macron a sacrifié des dizaines de milliers de malades"
C’était un militant pour une légalisation du suicide assisté. Il attendait beaucoup de la loi sur la fin de vie. Loïc Résibois s’estimait "sacrifié" par la dissolution. "Deux minutes avant qu'il annonce j'ai dit à ma femme: 'Putain, il ne va pas dissoudre ce con'. Et c'est exactement ce qu'il a fait. J'ai l'impression qu'Emmanuel Macron a sacrifié des dizaines de milliers de malades français.
"On meurt moins bien que nos chiens". "Plongé" comme "des dizaines de milliers de malades dans le désespoir d’avoir une fin de vie sereine". Ce sont ses mots, le mois dernier. Alors que le texte est suspendu, il pourrait revenir à l’Assemblée.
L'examen du texte sur la fin de la vie, démarré en avril, avait été suspendu en juin après la dissolution de l'Assemblée nationale. Sa présidente, Yaël Braun-Pivet, a plaidé auprès de Michel Barnier pour que le gouvernement se penche dessus. Olivier Falorni, député de la Charente-Maritime, fervent défenseur du texte, a déposé une proposition de loi déjà signée par 166 députés de neuf groupes parlementaires différents.
Olivier Falorni a rendu hommage à Loïc Résibois sur X, mardi, assurant qu'il "serait fidèle à [son] message.
"Je n'ai pas peur de mourir, j'ai peur de souffrir"
Il a médiatisé sa mort. C’est aussi pour cela qu’il faut raconter son histoire. Il a médiatisé sa mort, comme il avait médiatisé sa fin de vie. Son cas avait ému, il l’avait rendu public pour un combat. Dont il croyait connaître le bout il y a quelques semaines encore. Il avait raconté la souffrance de la maladie qui progresse vite, témoignant à l’aide d’un amplificateur de voix. Son corps l’avait lâché, meurtri par la maladie. Il survivait. Dépendant. Son ordinateur détectait le mouvement de ses yeux pour qu’il puisse écrire, s’exprimer.
Mais il s’exprimait, encore ces derniers jours. L’ancien policier de 47 ans avait deux enfants. Il voulait mourir entouré des siens, près de la mer, chez lui. "Je n’ai pas peur de mourir, j’ai peur de souffrir", disait-il.
Alors il a attendu. Comme une course absurde entre sa maladie et le débat parlementaire. Il a perdu la course mais pas le combat, pas encore. De multiples témoignages lui apportent un nouveau soutien posthume. En ligne. Avec la promesse de continuer son combat.