RMC
Santé

Fuite mortelle d'azote: "Une séance de cryothérapie, ce n'est pas appuyer sur un bouton"

placeholder video
Deux jours après le décès d'une employée d'une salle de sport à Paris, lors d'une séance de cryothérapie, l'encadrement de la pratique pose question. Certains spécialistes estiment que l'utilisation est prise trop à la légère.

La cryothérapie bientôt davantage régulée? Les questions demeurent, deux jours après le décès d’une femme lors d'une séance de cryothérapie, lundi, à Paris. La victime était une employée de la salle de sport où se trouvait la cabine. Une cliente a elle été hospitalisée dans un état grave. Selon les premiers éléments de l’enquête, c’est une fuite d’azote dans la machine qui aurait provoqué le décès.

La cryothérapie connaît un engouement depuis plusieurs années. Cette pratique consiste à placer une personne dans une cabine dont la température peut descendre jusqu'à -110°C. Mise en avant sur les réseaux sociaux par les sportifs de haut niveau, elle permettrait de lutter contre les douleurs chroniques et de récupérer plus rapidement après une séance de sport.

Des effets réels?

Pour autant, selon une expertise de l'Inserm, datant de 2019, les études citées pour promouvoir cette pratique montrent des bénéfices de faible qualité. "Quand ils sont en faveur d'un effet positif de la cryothérapie, ces résultats sont mesurés uniquement à très court terme", notaient notamment les auteurs.

En théorie, la cryothérapie du corps entier doit être encadrée par des soignants, mais en réalité, cette pratique est régulièrement prise à la légère selon certains spécialistes. "Une séance de cryothérapie, ce n'est pas mettre une personne dans un espace, appuyer sur un bouton et attendre que ça se passe du mieux possible", explique auprès de RMC Frédéric Bridel, kinésithérapeuthe du sport spécialisé dans la cryothérapie.

"Il est certain que l'anticipation des risques, c'est ce qui assure le côté sécuritaire du déroulement d'une séance", note Frédéric Bridel, kinésithérapeuthe du sport spécialisé dans la cryothérapie

La justice souhaite un encadrement

Le kinésithérapeute conseille aux utilisateurs de "bien appréhender les conditions de ventilation du local et les conditions de stockage des recharges d'azote." Le drame qui a eu lieu dans une salle de sport parisienne provient d'une défaillance matérielle. Pour Thierry Doll, président de Active FNEAPL, qui regroupe 1.700 salles de sport, il s'agit d'un "accident malheureux" qui représente un cas isolé.

"J'entends beaucoup de choses. Je dis simplement aujourd'hui que l'enquête vient juste de débuter. Je ne souhaiterais pas que l'opprobre soit jetée sur les salles de sport", détaille Thierry Doll, qui précise que la cryothérapie est une "niche". Il estime "entre 5 et 7%" le nombre de salles de sport qui en sont équipées.

La justice a rendu deux décisions, en 2022, allant dans le sens d'un encadrement de la cryothérapie. Pourtant, le gouvernement n'a mis en oeuvre aucune mesure allant dans ce sens.

Martin Cadoret (avec TRC)