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Gynécologue en burn-out: "J'ai beau adorer ce que je fais, je ne peux pas y laisser non plus ma peau"

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Selon l'association Soins aux professionnels de santé (SPS), 50% des médecins, infirmiers, kiné ou dentistes, hospitaliers ou libéraux, sont ou ont été concernés par le burn-out. C'est le cas d'Isabelle, gynécologue dans le Sud-Ouest, qui témoigne ce mardi sur RMC.

Il y a six mois. Isabelle, gynécologue depuis 20 ans, se réveille un matin, incapable de se lever. "Le simple fait d'imaginer que je pouvais partir travailler, c'était devenu comme si j'allais être brûlée au travail, comme si j'allais disparaître, comme si mon boulot allait me consumer", confie-t-elle. Les journées à rallonge, la rentabilité du cabinet en baisse, la solitude… Isabelle ne s'est pas rendue compte qu'elle était sur le point de craquer.

"Ça a été difficile de le dire aux autres mais aussi difficile de me le dire à moi-même, assure-t-elle. J'ai des personnes autour de moi qui ne sont pas médecins et qui m'ont dit 'Ah mais si les médecins sont malades, qui va nous soigner?' Un médecin doit être fort. Il n'y a pas de raison… Il est fait pour ça." Mais la gynécologue finit par réaliser et accepter son état. Pour autant, elle ne sait pas comment faire pour s'en sortir.

"Je suis une femme avant d'être un médecin"

"Quand on s'arrête, le cabinet s'arrête immédiatement. Les rentrées d'argent aussi. Les patients ne sont pas pris en charge. On se retrouve donc dans la galère très, très rapidement", souligne Isabelle. Son état la pousse finalement à s'arrêter. Cela fait désormais six mois qu'elle est suivie, six mois qu'elle n'a pas remis les pieds dans son cabinet.

"J'ai essayé de me reconstituer pour pouvoir faire ce que je fais sans y laisser ma peau parce que je n'ai pas de raison de le faire. J'ai beau adorer ce que je fais, je ne peux pas y laisser non plus ma peau. Ce n'est même pas ma santé, c'est ma peau. Je suis une femme avant d'être un médecin". Aujourd'hui à Paris, Isabelle témoignera devant d'autres soignants. Pour que la maladie qui la touche ne soit plus un tabou.

M.R avec Marie Régnier