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Handicap: "Je suis une sous-citoyenne", le calvaire de Nabéla, obligée de ramper chez elle

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En fauteuil roulant depuis un accident, Nabéla peine à évoluer chez elle. Elle est obligé de ramper au sol pour se déplacer. Elle témoigne sur RMC de son quotidien difficile et réclame des sanctions contre les bailleurs qui ne respectent pas la loi handicap.

Les personnes en situation de handicap se mobilisent à l'occasion des 20 ans de la loi Handicap. Une manifestation est prévue à 17h ce lundi à Paris à l'appel d'une cinquantaine d'associations de défense des droits des personnes handicapées pour la reconnaissance de leurs droits et où l'acteur et réalisateur Artus est attendu.

Car cette loi n'est pas entièrement respectée, de nombreuses inégalités demeurent. À l'école, les transports, l'emploi mais aussi dans le logement. C'est ce que subit chaque jour Nabéla, qui se bat depuis des années pour avoir un logement adapté à ses besoins.

Depuis 9 ans et un accident de la route, elle doit vivre dans un appartement non-adapté aux normes PMR (Personnes à mobilité réduite). Chez elle, son fauteuil électrique se cogne partout, tout le temps. Seule solution: "Je laisse mon fauteuil à l'entrée, et je rampe au sol".

Le parti-pris : 20 ans de la loi handicap, où en est-on ? - 10/02
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Des repas au sol

Une atteinte à sa dignité, car dans son logement, aucune pièce n'est adaptée : "Il y a une petite douchette, je me lave là, on me lave les cheveux ici, et sinon je ne peux pas me doucher".

Elle fait tous les gestes de la vie quotidienne en rampant: "J'ai mes auxiliaires qui me posent mes repas au sol, pour que je puisse venir les récupérer au moment où j'ai faim.

Impossible aussi de quitter son appartement sans aide. Alors Nabéla, très isolée, ne sort presque plus, au prix de sa santé physique et mentale

"Je suis une sous-citoyenne. Je me sens comme en prison. Et encore je n'ai pas de promenade, et pas de douche. Même une fois par semaine. Alors oui c'est plus joli qu'une prison", déplore-t-elle.

Un référé-suspension déposé contre son bailleur

Mais ça ne compense en rien la perte de liberté. Selon la loi pourtant, 20% des logements neufs doivent être accessibles: "Les grandes associations demandent à ce que la loi soit respectée, moi je pense qu'elle n'est pas efficace cette loi. Et de demander juste son application, c'est encore perdre 20 ans. Pour Nabéla il faut aller encore plus loin, et sanctionner davantage les bailleurs qui ne respectent pas la loi.

À l'occasion des 20 ans de la loi, elle a d'ailleurs déposé un référé-suspension contre son bailleur 3F afin d'être relogée dans un logement approprié.

Imposer la loi de 2005 aux récalcitrants

"Nous sommes toujours des citoyens de seconde classe", déplore au micro de RMC et RMC Story Michaël Jeremiasz, champion paralympique de tennis fauteuil et président de l'association "Comme les autres".

"C'est une discrimination quotidienne, je ne peux plus entendre des parents qui ont peur de laisser derrière eux des enfants handicapés. Il y a 80.000 enfants qui n'ont pas accès à l'école. Seuls 50% des espaces accueillant du public sont accessibles, alors qu'on nous promettait il y a 20 ans la totalité de l'accessibilité", poursuit-il.

Comme Nabéla, Michaël Jeremiasz veut de la fermeté. L'athlète estime qu'il ne faut pas refaire une loi mais juste appliquer celle de 2005 en la durcissant et l'imposant à ceux qui ne veulent pas l'appliquer.

De nombreuses habitations doivent être accessibles aux personnes en situation de handicap mais c'est loin d'être le cas. Au quotidien, ce sont les personnes en situation de handicap qui en font les frais: plus d'un million de personnes ont du mal à sortir de chez elles. Et plus de 370.000 ne peuvent pas du tout le faire selon la Drees.

Solène Leroux avec Guillaume Dussourt