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"Inacceptable, non-éthique": malgré les tensions, François Braun assume le plafonnement de l'intérim

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Le ministre de la Santé François Braun, invité de RMC ce mercredi, fait face à une situation tendue dans les petits hôpitaux qui sont parfois contraints de fermer leurs services face à une pénurie de personnel aggravée par la régulation du tarif des intérimaires.

La lutte contre les dérives de l'intérim dans le domaine hospitalier est assumée, mais a des conséquences graves à court terme sur les fermetures de certains services. Le rideau baisse dans de nombreuses villes de France, principalement dans les petits centres hospitaliers, et l'inquiétude des soignants et des professionnels de santé monte.

Sept ans après le vote de la loi, les tarifs de l'intérim médical dans les hôpitaux publics ont donc été plafonnés à partir du lundi 3 avril 2023: 1.390 euros brut pour une garde de 24 heures. Un tour de vis assumé par le gouvernement malgré les craintes de fermetures de services. Un peu plus de deux semaines après, les effets à court terme s'en font déjà ressentir.

Manosque (Alpes-de-Haute-Provence), Oloron-Sainte-Marie (Pyrénées-Atlantiques), Feurs (Loire)... La liste des services d'urgences, de maternités, contraintes de fermer totalement ou partiellement s'allonge chaque jour un peu plus. A Sainte-Foy-la-Grande (Gironde), les urgences ont ainsi fermé le 13 avril, pour dix jours, "en raison d'une carence en personnel médical non résolue", comme l'indique une affiche placardée sur la porte d'entrée...

"Ce qui m’importe le plus, c’est que les urgences graves, vitales, soient prises en charge"

Invité d'"Apolline Matin" sur RMC et RMC Story ce mercredi matin, le ministre de la Santé François Braun assume la lutte contre les dérives de l'intérim et regrette que la situation soit tendue en raison de cela.

"Ces services étaient déjà en difficulté", justifie-t-il. "Ils avaient déjà des périodes de fermeture. On a mis en place des solutions partout. Il n’y a pas de fermeture sèche. (...) Ce qui m’importe le plus, c’est que les urgences graves, vitales, soient prises en charge. C’est vrai que pour un traumatisme à une cheville, une entorse, vous allez attendre un peu plus et faire quelques kilomètres de plus", concède-t-il.

"Inacceptable et non-éthique que quelqu'un fasse monter les enchères jusqu'à la veille pour se faire payer 4.000, 5.000 euros pour 24 heures"

Cécile, auditrice RMC, a interpellé le ministre sur cette question ce mercredi en direct dans Apolline Matin, faisant part non seulement de l'inquiétude des soignants, mais également des patients. François Braun assure que ce n'était plus possible que les intérimaires puissent mettre autant de pression sur les services d'urgences en tension.

"On parle des dérives de l'intérim. Il est inacceptable et non-éthique que quelqu'un fasse monter les enchères jusqu'à la veille pour se faire payer 4.000, 5.000 euros pour 24 heures de travail", tacle-t-il.

"Il va falloir attendre plusieurs années, une dizaine d’années"

Le ministre de la Santé ne veut en revanche pas vendre de rêve et assure que la situation globale ne sera pas réglée du jour au lendemain: "J’ai toujours eu un langage de vérité: nous n’avons pas le nombre de médecins suffisant et nous ne l’aurons pas demain. Il va falloir attendre plusieurs années, une dizaine d’années".

J.A. avec AFP