Interdiction de fumer sur les plages et près des écoles: le but est de "dénormaliser la cigarette"

Au lendemain de l'annonce par Catherine Vautrin, ministre de la Santé, de l'interdiction du tabac dans les parcs, sur les plages et aux abords des écoles à compter du 1er juillet, l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) annonce ce vendredi que les ventes de tabac ont chuté de plus de 11% en 2024, en France. Le docteur Emmanuel Ricard, porte-parole de la Ligue contre le cancer, réaffirme sur RMC et RMC Story la nécessité de "dénormaliser complètement la cigarette".
Dans le viseur notamment, le tabagisme passif, qui provoque entre 3.000 à 5.000 décès par an en France, contre 75.000 chez les fumeurs. "Une étude au Japon a démontré qu'une femme qui vit avec un mari fumeur a deux fois plus de risques de mourir d'un cancer du poumon qu'avec un mari-non fumeur", rappelle Emmanuel Ricard.
L'industrie du tabac cherche "à réintroduire la cigarette dans l'univers physique et virtuel", met en garde la Ligue contre le cancer.
Alors que le Royaume-Uni a interdit l'achat - à vie - pour les personnes nées à partir du 1er janvier 2009, avec l'objectif de créer une génération sans tabac, la Ligue contre les cancers aimerait que les buralistes demandent au moins systématiquement en France la carte d'identité afin que les mineurs ne puissent pas acheter de cigarettes. D'autant que si l'achat est proscrit, la consommation, pour les mineurs, est toujours autorisée. Chose à laquelle Catherine Vautrin a dit réfléchir, dans les colonnes de Ouest-France.
Autre élément d'inquiétude pour Emmanuel Ricard, le lobbying de l'industrie et sa volonté de "réintroduire le tabac dans l'univers physique et virtuel. "Voir quelqu'un qui fume, c'est penser que c'est normal, que ce soit dans la rue comme au cinéma", insiste-t-il.
Les comportements s'adapteront
Le non-respect de ces nouvelles interdictions pourra engendrer une contravention de 4ème classe, soit 135 euros", a précisé jeudi la ministre de la Santé, qui estime que la liberté de fumer "s'arrête là où commence le droit des enfants à respirer un air pur". Si certains fumeurs râlent déjà, la Ligue contre le cancer anticipe déjà une normalisation des comportements dans le futur, à l'instar des changements provoqués par la loi Evin, qui a banni définitivement la cigarette à l'intérieur des bars et restaurants en 2008.
Des annonces qui interviennent alors que samedi 31 mai sera la journée mondiale sans tabac. "Le meilleur levier reste le prix", considère au micro d'Apolline Matin le docteur Emmanuel Ricard, qui met en avant toutefois la complémentarité des politiques publiques et campagnes de prévention (paquet neutre, mois sans tabac en novembre...)