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IVG dans la Constitution: "S’il n’y a plus de gynécologues pour faire des IVG, ça ne changera rien" alerte le Pr François Olivennes

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Alors que l’IVG va faire son entrée dans la Constitution ce lundi, le Pr François Olivennes alerte sur RMC sur le manque de spécialistes pour les réaliser.

Une phrase historique, pour un droit garanti dans la Constitution: "La loi détermine les conditions dans lesquelles s'exerce la liberté garantie à la femme d'avoir recours à une interruption volontaire de grossesse". Après le vote à l’Assemblée nationale et au Sénat, le Congrès va entériner ce lundi après-midi l’entrée de l’IVG dans la Constitution. Un évènement salué par les associations féministes, mais un droit qu’il faudra encore assurer à long terme dans la pratique. Dans Apolline Matin ce lundi sur RMC et RMC Story, le Pr François Olivennes alerte sur le manque de spécialistes.

"Je ne crois pas que ça va changer quoi que ce soit. Ce qui est bien dans cette inscription, c’est qu’en cas de changement de majorité politique, ce sera compliqué de revenir sur l’autorisation de l’IVG. On voit ce qu’il se passe aux Etats-Unis, par exemple, où cela paraissait invraisemblable il y a 15 ans que l’IVG soit interdite, et là ça semble possible si (Donald) Trump passe au pouvoir. Pour ça, c’est bien. C’est constitutionnel. Mais s’il n’y a plus de gynécologues pour faire des IVG, ça ne changera rien. Il y a un problème d’accès", explique le gynécologue-obstétricien, qui exerce à Paris.

"Le Planning familial dit que 130 centres d’IVG ont fermé en 15 ans et t il y a environ 30% des femmes qui veulent une IVG qui la font hors de leur département de résidence, ajoute-t-il. Une femme sur trois est obligée d’aller ailleurs soit parce qu’elle n’a pas accès, soit parce que les délais sont longs, et c’est aussi un problème. Ce qui est important, parallèlement, c’est d’essayer de sécuriser l’accès et donc les praticiens."

L'invité du jour : Pr François Olivennes - 04/03
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"Des raisons religieuses"

L’un des principaux obstacles à ces IVG, c’est la clause de conscience que peuvent faire jouer les médecins. A la maternité des Lilas (Seine-Saint-Denis), le directeur Raynald Maisonneuve souligne avoir "des moyens très réduits" avec "seulement un médecin sur la dizaine qui pratique les IVG".

"C’est une question de choix, indique-t-il sur RMC. Ils invoquent tous leur clause de conscience et on ne peut rien faire contre ça. C’est une philosophie, une conception de vie. On est confrontés à des difficultés parce qu’il nous faut des gynécologues-obstétriciens pour accoucher, même si l’ARS nous a encore menacés de fermeture. Nous n’avons qu’un médecin, qui est militant et que je salue. Pour les gynécologues-obstétriciens, on ne peut pas, hélas, opposer leur clause de conscience. C’est peut-être cette clause qu’il faudrait faire sauter."

"Il y a des gens qui sont contre. Ce n’est pas un acte anodin", reconnaît le Pr François Olivennes, avançant notamment "des raisons religieuses". Selon lui, dans les grandes structures hospitalières qui recherchent des gynécologues-obstétriciens, il faudrait "restreindre l’embauche à des gens qui n’ont pas cette clause de conscience et qui, si elle vient six mois après leur embauche, s’engagent à renoncer à leur poste".

"Quand vous avez un gynécologue-obstétricien candidat qui veut bien faire des accouchements mais pas des IVG, vous allez vous retrouver en porte-à-faux, poursuit-il. C’est une activité moins valorisée, moins intéressante, il faut le dire. Mais quand on est gynécologue-obstétricien, on fait plein de choses. Et parmi ces choses, il serait souhaitable de faire les IVG pour assurer aux femmes françaises le droit qu’elles ont."

LP