"J’ai dû appeler 5 centres d’imagerie”: pourquoi les délais pour les dépistages du cancer du sein s'allongent

C'est le début d’octobre rose. La grande campagne annuelle de sensibilisation au dépistage du cancer du sein, le type de cancer le plus fréquent chez les femmes. Une sur huit sera touchée par ce cancer au cours de sa vie, et un cancer sur quatre est encore détecté à un stade tardif.
Le dépistage est pourtant normalement systématique, à partir de 50 ans et tous les deux ans, les femmes reçoivent une invitation de leur caisse d’assurance maladie pour se rendre dans un centre d’imagerie pour effectuer une mammographie. Sauf que dans de nombreuses régions, les délais pour obtenir un rendez-vous s’allongent.
Une simple recherche sur Doctolib et le résultat est criant dans la région nantaise. Aucun rendez-vous disponible pour une mammographie. Touchée par des antécédents familiaux, Corinne a attendu quatre mois.
“J’ai essayé d’obtenir un rendez-vous près de chez moi. Les délais étaient trop longs donc j’ai dû appeler quatre ou cinq centres d’imagerie”, indique-t-elle.
Un manque de radiologues
Des cas qui se multiplient malheureusement selon le Dr Karine Bouzit-Debec, radiologue à Nantes. "Sur certains sites il peut y avoir des rendez-vous jusqu’en 2027. Il y a une augmentation de la population, mais il n’y a pas une augmentation proportionnelle du nombre de radiologues. Je dis souvent à mes patientes que je pourrais travailler nuit et jour, je remplirai tous mes créneaux", appuie-t-elle.
Faute de créneaux suffisants, beaucoup de femmes abandonnent le dépistage. D’ailleurs, la proportion de femmes dépistées baisse, 52% en Loire-Atlantique, ou alors le réalisent trop tard.
“On a des patientes qui viennent 2,5 ans, 3 ans entre deux mammographies. Si le cancer se développe, on le voit plus tardivement. On est dans des protocoles un peu plus lourds et une augmentation de la mortalité”, alerte la radiologue.
Pour augmenter l’offre de soin, les salles d’examens sont désormais ouvertes le samedi matin et que le docteur Bouzit-Debec travaille sur un nouveau protocole qui permettrait de déléguer l’examen clinique au manipulateur radio et donc de libérer du temps aux radiologues pour observer plus de mammographies.