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"Je ne suis jamais tranquille": l'impossible conciliation des aidants avec leur vie professionnelle

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Selon une enquête de l'Ifop pour la Macif, que RMC révèle, un actif sur trois est aidant en France. Une situation très souvent difficile à concilier avec leur emploi. Plus de la moitié (59 %) des aidants ont constaté des conséquences importantes sur leur vie professionnelle.

Un actif sur trois est aidant en France. Un chiffre impressionnant issu d’une enquête de la Macif avec l’Ifop que vous révèle RMC ce lundi. Et avec une population vieillissante ce chiffre devrait augmenter dans les années à venir. L’étude souligne aussi la difficulté de concilier sa vie professionnelle avec ce rôle d’aide, d’accompagnement, auprès d’un proche malade, en perte d’autonomie ou handicapé.

Nous avons rencontré Christelle, 48 ans, elle est chargée de communication dans une entreprise et s’occupe depuis plus de 10 ans de sa mère qui souffre de démence sénile. Cela se traduit par une perte de mémoire, de repère, d’hygiène. Du jour au lendemain, Christelle est donc devenue aidante de sa mère. Elle explique que c’est une charge mentale supplémentaire au quotidien.

“Dans ma tête, je ne suis jamais tranquille. Quand je suis avec ma mère, je pense au travail et quand je suis au boulot, je pense à ma mère. Je me dis ‘j’espère que ça va, qu’elle a mangé’”, indique-t-elle.
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Sur les 11 millions d’aidants, ils seraient environ 6 millions à maintenir leur activité comme elle. Et pour remplir cette double mission, elle embauche plus tôt, travaille le week-end, pose des jours…

“Je l’ai dit tout de suite à ma manageuse, je l’ai prévenu que des fois, j’aurais malheureusement besoin de devoir partir plus tôt, d’être appelé par le médecin tout ça. Elle m’a dit ‘oui oui ne t'inquiète pas, pas de problème’. Mais du coup, je n’ai pas eu de prime. Non pas parce que le travail n’était pas fait, mais parce qu’on m’a dit ‘t’es aidante, tu payes ton statut d’aidante’. Ça m'a complètement séché”, confie-t-elle très émue.

Le congé de proche aidant, un dispositif peu connu

Alors il y a des dispositifs pour aider ces personnes qui cumulent leur emploi et le rôle d’aidant. Le principal c’est le congé de proche aidant. Il permet aux aidants de s’arrêter de travailler, et l’employeur ne peut pas le refuser mais il est limité dans le temps. 66 jours seulement sur l’ensemble de la carrière et il n’est pas rémunéré par l’employeur. Le salarié aidant peut bénéficier d’une allocation équivalente au SMIC. Mais seulement un quart des aidants utilise ce congé, toujours selon l’enquête menée par la Macif avec l’Ifop.

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Le problème principal de ces dispositifs c’est qu’ils sont peu connus des principaux intéressés. Olivier par exemple a été aidant auprès de sa mère malade pendant trois ans, et il n’avait jamais entendu parler de ce congé. Lui a dû arrêter son travail, il était cadre commercial.

“On n’a pas le temps, on a la tête dans le guidon. Vous avez la charge de travail dans l’entreprise dans laquelle vous travaillez, vous avez l’impression de mal faire votre travail, vous avez envie d’avoir plus de temps pour mieux accompagner la personne malade en l'occurrence ma mère. Et puis un jour, vous craquez. S’il y avait eu des conciliations au sein de mon entreprise de l’époque, je les aurais acceptées, mais j’aurais été incapable de faire mon travail. À un moment, je me souviens que je me dis, je vais partir avant ma mère”, confie-t-il.

Ce que souhaitent ces salariés aidants, c’est surtout une meilleure compréhension et plus de flexibilité.

Amélie Courtet avec Guillaume Descours