"La conséquence d’une bonne réforme": la fraude aux audioprothèses explose depuis leur remboursement à 100%

Les fraudes détectées et stoppées par l'Assurance maladie ont plus que doublé en cinq ans. Elles ont atteint 628 millions d'euros en 2024. Un montant record qui représente aussi 35% de plus qu'en 2023.
Et ce sont les professionnels de santé qui sont à l'origine du plus gros montant de fraudes. 68% du montant global est du fait de soignants de ville, soit 416 millions d'euros. Pour le reste, 109 millions d’euros viennent des assurés sociaux eux-mêmes, et le reste, 14%, d'établissements de santé.
Selon le rapport annuel publié jeudi par la CNAM, la Caisse nationale d'assurance maladie, 115 millions d'euros de fraudes ont été détectées et stoppées uniquement sur les audioprothèses. Un chiffre en hausse de plus 441% sur un an.
C'est tout simplement, et de loin, le premier préjudice financier de la Sécu en termes de fraude. Car depuis quatre ans, ces prothèses sont entièrement remboursées par la Sécu. Ce qui attire forcément les escrocs, et leurs méthodes ne manquent pas. Usurpation d'identité, fausses factures, et même exercice illégal de la profession d'audioprothésiste…
Des contrôles renforcés
Des gens non qualifiés, qui agissent, parfois même avec la complicité de certains professionnels de la santé.
“Malheureusement, c’est la conséquence d’une bonne réforme", explique ce vendredi matin sur RMC, Thomas Fatôme, directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie.
"Le 100% santé, c’est-à-dire l’assurance maladie obligatoire et la complémentaire ensembles solvabilisent le financement de l’audioprothèse. Mais ça a des conséquences, ça attire les fraudeurs. Les spécialistes de lutte contre la fraude, disent que les fraudeurs vont là où il y a de nouveaux dispositifs de prises en charge", poursuit-il.
Et c'est pourquoi l'Assurance maladie renforce ses contrôles. Désormais impossible pour les audioprothésistes de faire une facture sans la carte vitale des assurés. Les factures sont aussi scrutées de près.
L'an dernier 55.000 ont été analysées par la Sécu, et près d'un tiers ont été rejetées. A la clé, c'est plus de 31 millions d'euros qui n'ont pas pu être détournés.